La santé en Afrique, une véritable priorité

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Alors que la santé reste un enjeu majeur en Afrique, les initiatives pour améliorer l’accès aux soins sur le continent se multiplient. En témoigne le récent don de 45 millions de dollars de la Fondation Bill et Melinda Gates au Burkina Faso ou encore les nombreuses actions de la Première Dame de Côte d’Ivoire, Dominique Ouattara, en faveur des enfants africains.

Régulièrement éclipsé par les questions économiques, de sécurité ou de développement durable, l’accès aux soins n’en reste pas moins une problématique centrale en Afrique, comme le rappelle tragiquement l’épidémie de la fièvre de Lassa qui frappe actuellement certains pays d’Afrique de l’Ouest. Face à la forte croissance démographique et aux nombreuses tensions politico-militaires, le manque de moyens humains, matériels et financiers pénalise toujours autant le continent africain, qui ne parvient pas à combler l’écart avec les pays développés, et ce sur aucun des indicateurs de santé.

Car si la mortalité des enfants de moins de cinq ans est enfin passée sous le seuil des 10 % de naissances vivantes, elle reste néanmoins supérieure aux pays d’Asie du Sud. D’après les auteurs d’un récent ouvrage intitulé « Le développement sanitaire en Afrique francophone. Enjeux et perspective post-2015 », outre la mortalité infantile, qualifiée d’« épidémie silencieuse » — avec toujours plus de 5 % de décès parmi les enfants nés en vie —, la tuberculose, le VIH/SIDA ou encore le paludisme continuent de faire un nombre excessif de victimes compte tenu des possibilités de prévention et de traitement communément accessibles. Une réalité dont les femmes et les enfants africains sont les premiers à souffrir.

C’est pourquoi, Melinda Gates, épouse du milliardaire américain Bill Gates, a officialisé fin janvier l’attribution par la fondation du couple un don de 45 millions de dollars au planning familial du Burkina Faso ainsi qu’à la nutrition des enfants. Ajouté aux 100 millions de dollars d’aide publique engagés par les autorités burkinabés, le montant total permettra de prendre en charge gratuitement les soins des femmes enceintes et des enfants de moins de cinq ans, tout en mettant l’accent sur l’importance de la contraception.

« [C’est] un des outils les plus efficaces pour lutter contre la pauvreté, a affirmé Melinda Gates lors d’un déplacement à la clinique de Zagdouli, près de Ouagadougou. Si on éduque les femmes à ce sujet, les chances seront encore plus grandes de sortir de la pauvreté et aussi d’aider les familles, notamment les enfants. Selon de nombreuses études menées au plan mondial, quand les femmes ont accès à la contraception, les familles se portent mieux. »

Dominique Ouattara redouble d’efforts

Si les actions des ONG et des autres agences étrangères sont reconnues pour leur efficacité et leur rapidité, elles ne sont cependant pas vouées à durer indéfiniment, reconnaît Melinda Gates. « Les pays [africains] ont besoin de ces dons pour démarrer, mais ils ne souhaitent pas rester dépendants pour l’éternité, explique-t-elle. Voyez le cas du Rwanda. Les aides étrangères ont été nécessaires, mais cela n’a pas duré. Oui, les pays doivent trouver leur propre modèle de développement. Voyez les cas du Sri Lanka, qui a réussi à diminuer le taux de mortalité bien que ce soit un pays extrêmement pauvre. Au Burkina Faso, les autorités veulent trouver leur propre modèle, mais elles s’appuient aussi sur les ONG qui peuvent aider à comprendre ce qui a fonctionné dans un autre pays pour l’appliquer. »

Depuis plusieurs années, le continent africain voit justement émerger de plus en plus d’initiatives locales, qui sont d’autant mieux accueillies par les populations. Comme celles de l’organisation Waaf qui lutte contre le SIDA au Ghana, de l’ONG Little Light consacrée à l’éducation des enfants des bidonvilles en Ouganda ou encore les actions de la Fondation Children of Africa qui émane de la société civile ivoirienne.

À la tête de Children Of Africa, la première dame de Côte d’Ivoire, Dominique Ouattara — accompagnée de ses deux enfants Loic et Nathalie Folloroux — a créé il y a 20 ans une structure dévouée à l’éducation des enfants, qui travaille également à l’amélioration des conditions de vie des femmes et qui rayonne sur l’ensemble du continent.

Mettant en place des projets éducatifs et sociaux comme le programme Bibliobus, la distribution annuelle de kits scolaires ou encore la lutte contre le travail des enfants en Afrique, la fondation de Dominique Ouattara mène également des opérations dans le domaine de la santé, indissociable des autres problématiques auxquelles sont confrontés les Africains.

Outre les campagnes de vaccination et la prise en charge de maladies telles que la fistule obstétricale, la fondation de Dominique Ouattara est notamment à l’origine de la construction d’un hôpital mère-enfant à Bingerville (Abidjan). Inauguré en 2017, l’établissement a pour but de réduire la mortalité maternelle, néonatale et infantile en permettant aux femmes africaines et à leurs progénitures d’avoir accès à des soins de qualité.

En janvier 2018, la fondation de Dominique Ouattara a également offert une ambulance tout équipée d’une valeur de 35 millions de francs CFA à la sous-préfecture de Gonaté. Le fruit d’une mobilisation 100 % locale, qui aspire à être la première pierre d’un futur système sanitaire à la hauteur du potentiel du continent africain.

Alain Kanté

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