Coronavirus : qui était le docteur Li Wenliang, décédé après avoir lancé l’alerte ?

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Un ophtalmologue chinois nommé Li Wenliang est décédé du coronavirus à l’hôpital central de Wuhan, dans la nuit du 6 au 7 février, après avoir alerté sur les dangers de ce même virus à la fin du mois de décembre dernier. Mais qui était-il ?
C’est une nouvelle qui a suscité une vive émotion en Chine. Le docteur Li Wenliang est mort à l’âge de 33 ans des suites du coronavirus dans la nuit du 6 au 7 février, lui qui est l’un des premiers à avoir alerté sur les dangers de ce virus. Il est décédé à l’hôpital central de Wuhan, là où il travaillait depuis près de 6 ans en tant qu’ophtalmologue, après avoir été contaminé par un patient.

Né en 1986, Li Wenliang est arrivé en 2004 dans la ville de Wuhan pour étudier la médecine à l’université de Wuhan pendant 7 ans, et il obtient son diplôme de maîtrise en médecine en 2011. Il est ensuite parti travailler 3 ans à Xiamen, avant de revenir en 2014 à Wuhan pour travailler en tant qu’ophtalmologue à l’hôpital central de Wuhan qu’il n’aura donc plus jamais quitté.

Convoqué par les police pour des “rumeurs”
Récemment, le docteur Li Wenliang avait observé des patients présentant des symptômes similaires à ceux du Sras, ce syndrome respiratoire à l’origine d’une importante épidémie en 2002-2003. Le 30 décembre 2019, il observe le rapport d’un patient qui démontre un résultat positif sur un test de dépistage du coronavirus du Sras. Il décide alors d’avertir ses collègues, via l’application WeChat, en écrivant : “7 cas de Sras ont été confirmés sur le marché des fruits et fruits de mer de Chine méridionale et ils ont été isolés dans le service d’urgence de notre hôpital.”

Ce qu’il ne sait pas à ce moment-là, c’est qu’il ne s’agit pas d’un virus du Sras, mais d’un nouveau virus. Après que des captures d’écran avec son nom et sa profession ont été divulguées, il est convoqué avec 7 autres personnes par la police, qui leur reproche de propager des “rumeurs”. Il doit donc signer un procès verbal reconnaissant qu’il “perturbe l’ordre social.” “Votre action va au-delà de la loi. Vous envoyez des commentaires mensongers sur Internet. La police espère que vous allez collaborer. Serez-vous capable de cesser ces actions illégales ? Nous espérons que vous allez vous calmer, réfléchir, et nous vous mettons sévèrement en garde : si vous insistez et ne changez pas d’avis, si vous continuez vos activités illégales, vous allez être poursuivi par la loi. Comprenez-vous ?”, indique le procès-verbal de la police que Li Wenliang a publié le 31 janvier, comme le révèle Le Monde.

Un héros national
Au début du mois de janvier, il contracte le coronavirus en soignant un de ses patients infectés et présente des premiers symptômes le 10 janvier. Le 12 janvier, il est hospitalisé et mis en quarantaine. Le 20 janvier, Zhong Nanshan, le pneumologue chinois qui avait détecté le coronavirus du Sras en 2003, reconnaît que le virus est transmissible entre humains. Ce n’est que le 28 janvier que la Cour suprême chinoise reconnait que “l’information délivrée par les huit personnes n’était pas fabriquée de toutes pièces” et qu’elle aurait dû être tolérée, même s’il ne s’agissait pas du Sras. Li Wenliang fait donc par la suite figure de héros national face aux responsables qui sont accusés d’avoir caché les débuts de l’épidémie.

Maxime Poul
Yahoo

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