Coronavirus, propositions de l’opposition, CEI, Election présidentielle: Ouegnin dit des vérités à Ouattara

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Coronavirus, propositions de l’opposition, CEI, Election présidentielle: Armand Ouegnin dit des vérités à Alassane Ouattara

INTERVIEW DU PRÉSIDENT DE EDS, LE PROFESSEUR GEORGES-ARMAND OUEGNIN RELATIVE À LA CRISE SANITAIRE QUE TRAVERSE NOTRE PAYS

La Côte d’Ivoire est frappée par la crise du Coronavirus. Le nombre de cas grimpe au quotidien. Quel est l’état de santé du Professeur Georges-Armand Ouégnin?

Permettez-moi tout d’abord de vous remercier pour l’opportunité que vous m’offrez de m’exprimer à travers votre journal. Je voudrais profiter de l’occasion pour vous adresser mes vives felicitations pour l’avènement de “DERNIÈRE HEURE” sur le marché de la presse écrite.

Cela dit,croyez moi,je suis profondément peiné par la crise sanitaire, véritable pandémie qui secoue le monde actuellement. Ma peine est d’autant plus justifiée que jusqu’à ce jour, la communauté scientifique internationale donne l’impression d’être déroutée, mise en échec par le coronavirus qui défie l’humanité toute entière.

Pour en venir à votre question (sourire),comme vous pouvez le constater,le professeur Georges-Armand OUEGNIN se porte bien et le médecin qu’il est se doit de donner l’exemple en respectant scrupuleusement les mesures préventives de l’organisation mondiale de la santé et de nos autorités sanitaires concernant les précautions à prendre pour éviter la propagation de la maladie dans notre pays.

Au 06 avril 2020, la Côte d’Ivoire comptait 323 cas, 41 guéris et 3 décès. Toutefois, les Ivoiriens doutent de ces chiffres officiels, parce que, disent-ils, la communication manque de précisions. Partagez-vous cet avis ?

Je ne me permettrai pas de douter des chiffres annoncés quotidiennement par les autorités sanitaires du pays.Avec les moyens de communication actuels ( réseaux sociaux etc),tout se sait, tout peut se savoir et tout se saura.Il est donc important de dire la verité à la population au risque de se faire sanctionner le moment venu.
Dans cette lutte contre la propagation du Coronavirus, l’indiscipline des populations n’est pas faite pour faciliter les choses. Les appels au respect des mesures d’hygiène semblent tombés dans des oreilles de sourd. De ce fait, pensez-vous que la Côte d’Ivoire a des chances de gagner cette guerre ?

L’indiscipline de la population peut se corriger aisement à travers de veritables campagnes de communication, d’explication et de sensibilisation de la population. Cela necessite l’implication de tous(acteurs politiques,leaders d’opinion…)dans la lutte contre ce virus extrêmement contagieux et mortel.

A dire vrai ,et sans entrer dans la polémique, ce qui s’est passé à l’INJS les 17,18 et 19 mars 2020,restera dans toutes les memoires comme une situation incomprehensible, inadmissible voire irresponsable.
Le gouvernement semble, force est de le constater ,ne pas avoir pris la pleine mesure de la gravité de la situation au moment où tous les pays du monde étaient en alerte maximale.

Notre pays ne disposait même pas de structures adequates pour la mise en quarantaine des voyageurs en provenance des pays où sevissaient la maladie.C’est la raison pour laquelle les présidents Laurent GBAGBO, Henri Konan BÉDIÉ et d’autres leaders de l’opposition significative ont lancé un appel à l’union sacrée dans la gestion de cette grave crise sanitaire.

Ils sont allés plus loin en proposant dans ces moments d’angoisse et de grande incertitude,l’arrêt de toutes les activités liées au processus électoral,le désengorgement des prisons par la libération des prisonniers dont l’absence dans les liens de détention n’entrave pas la manifestation de la vérité et l’arrêt des poursuites intempestives et injustifiées contre les opposants politiques.

Par ailleurs, ils ont même proposé un véritable cadre de concertation regroupant les institutions de la République, les partis politiques, les organisations de la société civile, les organisations des professionnels de la santé, des chercheurs,les acteurs de la vie socioéconomique et les partenaires au developement en vue d’élaborer des mésures adaptées à notre environnement.

En un mot,ces leaders politiques de premier plan et leurs alliés demandent une trêve politique devant cette crise sanitaire, veritable urgence Nationale,la santé et la vie des Ivoiriens devant être au dessus des clivages politiques,la lutte contre cette pandemie doit être la priorité des Priorités:C’est la condition pour gagner la guerre contre ce virus;Oui nous le pouvons et nous le devons.

L’opposition ivoirienne à laquelle vous appartenez a lancé un appel à l’union sacrée, pour une gestion efficace de cette crise. Au constat, le régime n’en a que faire et pilote seul, les opérations. Quelle réaction face à cette indifférence des gouvernants ?

Oui je fais malheureusement le constat avec vous que le gouvernement reste sourd à notre appel .Cependant nous restons convaincus que cette crise sanitaire n’est pas et ne doit pas être la seule affaire du gouvernement. Nous sommes tous concernés face à la dangerosité de cette maladie.

Cette maladie menace la santé et la vie de nos populations. Elle ne trie pas.Dans cette grande épreuve, nous devons tous nous Rassembler face à cette pandemie. C’est une occasion de Rassemblement mais aussi de reconciliation des Ivoiriens au chevet de la Côte d’Ivoire malade.La Côte d’Ivoire, notre patrimoine commun;Dans de nombreux pays Africains,il est heureux de constater que le pouvoir et l’opposition se rencontrent pour se parler,notre ennemi commun étant le COVID-19.

EDS,fidèle à la philosophie politique du “ASSEYONS NOUS ET DISCUTONS “de son référent politique, le président Laurent GBAGBO restera toujours ouvert à la concertation et au dialogue dans l’interêt superieur de nos populations.

Concernant les mesures prises en vue d’atténuer l’impact socio-économique de cette crise sur les populations, le gouvernement a décidé de la prise en charge des factures d’eau et d’électricité, uniquement pour les plus démunis. Et, force est de constater que ça grogne. Etes-vous satisfait de cette décision ?

Je dois vous dire que je trouve ces mesures insuffisantes et imprécises.
Pour ce qui concerne les factures d’eau et d’électricité, je salue la décision prise en faveur des plus démunis mais je pense qu’elle devrait être étendue à tous.Le report des paiements de ces factures pour le reste de la population ne fera que deplacer le problème et obligerait les consommateurs à un endettement qui sera difficile à supporter.

Exceptionnellement pendant une periode donnée,l’Etat devrait prendre en charge toutes les factures d’eau et d’électricité.De nombreux pays Africains potentiellement moins nantis que nous l’ont fait. Je pense personnellement que les fonds colossaux de Souveraineté de la présidence et d’autres institutions de la République peuvent être des pistes à explorer .Il en est de même pour les salaires des hautes autorités peuvent être reduits de moitié juste le temps de la crise et il ya aussi la réduction du train de vie de l’Etat.

Il s’agit avant tout de la solidarité Nationale et pour ce faire nous nous devons de consentir à tous les sacrifices possibles.

Une enveloppe de 250 milliards Fcfa a été mise à disposition par l’Exécutif, en vue d’accompagner les entreprises en cette période difficile. Mais, les craintes vont aux critères de sélection et de répartition de cette manne financière. Avez-vous des propositions dans ce sens ?

Ce montant de 250 milliards dont vous parlez est destiné à soulager la trésorerie des entreprises et à garantir la sécurité des emplois si je comprends bien.
La question qu’on est légitimement en droit de se poser est de savoir où sera logée cette manne financière:Au ministère de l’économie et des finances? Au niveau des organisations patronales?Au niveau des banques commerciales ?Quels seraient les critères de répartition de cette manne financière?

Ce sont autant de questions qui méritent à mon avis des réponses précises.
Pour ma part ,je pense que toutes les entités devraient être associées à la gestion des 250 milliards dans un esprit de transparence,de rigueur et de consensus,afin d’éviter toute injustice.

L’actualité politique, ce sont les convocations d’Assoa Adou et Michel Gbagbo, en cette période de crise sanitaire du Covid-19. Des convocations qui, selon le FPI, sont déplacées et inopportunes. Votre commentaire !

Oui et c’est le moins que l’on puisse dire,les convocation de ces responsables politiques sont deplacées et inopportunes.Je puis vous dire sans risque de me tromper que la Côte d’Ivoire est un des très rares pays où en cette période exceptionnelle de pandémie du COVID-19, les opposants sont pourchassés, là où certains voire de nombreux pays donnent l’exemple de la décrispation du climat politique .J’en veux pour preuve le Niger où l’opposant HAMA Amadou a été libéré.

Dans de nombreux pays Africains, il est heureux de constater que l’opposition et le pouvoir se parlent dans ces moments difficiles.Je vous avoue que l’attitude des tenants actuels du pouvoir est difficile à comprendre.Ont-ils un agenda caché?Je crois qu’ils sont les seuls à le savoir.

Pour sa part notre plateforme politique EDS qui se réclame je le répète, du président Laurent GBAGBO mettra tout en oeuvre pour éviter à notre pays,une crise politique de plus et de trop en prônant toujours le dialogue face aux provocations du pouvoir.

Outre les hommes politiques, les journalistes sont aujourd’hui l’objet de convocation régulière pour des raisons des plus surprenantes. Avez-vous connaissance de ces faits et qu’en dites-vous ?

Oui nous avons connaissance de ces faits et nous les suivons avec une attention toute particulière parce qu’il s’agit avant tout de la presse,le quatrième pouvoir dans une démocratie digne de ce nom . Nous considérons que c’est une entrave à la liberté d’expression de la presse. C’est vraiment regrettable, nous le dénonçons et le condamnons avec force.

Enfin nous nous insurgeons contre ces montants faramineux qu’on inflige comme amende aux journalistes alors que nous savons tous que les organes de presse dans leur ensemble sont éprouvés par d’énormes difficultés de trésorerie .

Le chef de l’État a décidé de modifier le Code électoral par ordonnance. L’opposition a produit un communiqué pour marquer son désaccord et lui demander de s’abstenir. Pourquoi ?

Oui nous pensons que la modification du code électoral par ordonnance est infondée.

Je m’explique: comme vous le savez ,la deuxième phase du dialogue politique relative au code électoral s’est en réalité soldée par un échec.En effet le 17 fevrier 2020,la séance plenière de validation du rapport final des discussions a été unilatéralement interrompue par le Premier Ministre sans présentation d’un quelconque rapport et donc sans signature aucune des participants.

Il n’y a donc pas eu d’accord en conséquence.

Avec les autres partis de l’opposition, EDS a dénonce cette situation par courrier au chef de l’Etat le 3 mars 2020,courrier réceptionné le 11 mars 2020 sous le numéro 2282, lui demandant de s’impliquer personnellement dans le dialogue politique. Nous attendons toujours sa réponse.Prendre une ordonnance sur le code électoral serait une fois de plus une volonté manifeste de nous ignorer ou un passage en force que nous ne saurions cautionner et accepter.

L’une des épineuses questions en cette année électorale, c’est la composition de la CEI. L’opposition ne croit pas en cette structure chargée d’organiser la présidentielle à venir, dans sa composition actuelle. Pourtant, les jours passent et le 31 octobre se rapproche, inexorablement. Pensez-vous que le pouvoir va céder et donner une suite favorable à votre requête ?

L’organe actuel chargé des élections n’est ni consensuel, ni impartial ,ni crédible.Il ne peut donc pas organiser des élections libres,justes,transparentes et regulières.Cet organe est totalement inféodé au pouvoir. Nous le récusons et ne lui accordons aucune confiance. Nous réclamons et réclamerons des conditions d’élections crédibles.

Nous utiliserons tous les moyens démocratiques et légaux pour atteindre notre objectif. Nous voulons des élections avec 0 mort,0 exilé et 0 prisonnier politique. Notre pays a trop souffert des crises post-electorales.Nous voulons des élus qui soient réellement l’émanation du peuple Ivoirien;Que celui qui a gagné soit le vainqueur et que celui qui a perdu soit le perdant. Nous voulons pour une fois une passation de charges en bonne et dûe forme au sommet de l’État.

Ce combat, nous ne l’abandonnerons pas et nous sommes convaincus que nous aurons gain de cause,j’en suis personnellement persuadé parce que nous sommes dans la vérité et que la vérité triomphe toujours .

Le PDCI a récemment rejeté l’invitation du régime à siéger au sein de la Commission centrale de la CEI. D’aucuns disent que c’est un piège que le parti de Bédié a évité. Si oui, pouvez-vous nous éclairer sur la question ?

Ce que je peux vous dire à mon humble niveau, c’est que le PDCI-RDA, le parti du président Henri Konan BÉDIÉ, qui a toujours milité pour la reforme en profondeur de l’organe électoral est resté cohérent en refusant le poste attribué.
Permettez-moi de saluer à sa juste valeur cette prise de position du PDCI-RDA qui est de bonne augure pour la poursuite et la consolidation de nos relations.

A sept mois de la présidentielle 2020, les positions semblent plus que jamais tranchées, autour de la CEI. Que compte faire l’opposition, au cas où le pouvoir décidait de ne rien changer à la CEI ?

Ce que je peux vous dire avec fermeté, c’est que l’opposition en général et EDS en particulier participeront aux prochaines élections.Nous ne boycotterons pas ces élections. Si certains pensent qu’un boycott de notre part ferait leur affaire, qu’ils se détrompent.

Nous irons aux élections avec un organe électoral consensuel et crédible.
Je le dis et je le martèle à l’envie,nous utiliserons tous les moyens démocratiques et légaux pour obtenir un organe électoral qui soit conforme aux normes internationales et nous l’obtiendrons.
Enfin nous participerons à toutes les élections et nous les remporterons toutes.

L’une des données à ne point négliger, c’est le Coronavirus et la crise sanitaire qu’elle a engendrée. Que se passera-t-il, si cette crise rendait impossible la tenue du scrutin du 31 octobre ?

Soyez rassurés,si la crise sanitaire rendait impossible la tenue du scrutin du 31 octobre,il est bien évident qu’avec toutes les autres forces politiques en présence,nous aviserons.

Du côté du pouvoir, le chef de l’Etat ne veut pas entendre parler de transition. Pourtant, d’aucuns disent que ça reste une issue possible. Voyez-vous les choses dans ce sens ? Si oui, comment est-ce possible ?

Pour l’heure,les élections sont prévues pour le 31 octobre prochain .Si les circonstances ne le permettent pas ,nous allons analyser la conduite à tenir avec les autres forces politiques en présence comme nous vous l’avions déja dit tantôt.

L’un des challenges au sein de l’opposition, c’est l’unité au sein du FPI que vous suivez certainement… de loin. Pensez-vous au retour de cette unité au sein du parti créé par Laurent Gbagbo ? Et quel peut être l’impact d’une telle division sur l’opposition à la présidentielle 2020 ?

Pour ce que je sais, les discussions sont en cours.Cependant quoi qu’il puisse en decouler, je peux vous affirmer que l’opposition remportera les prochaines élections présidentielles pour le bonheur du peuple Ivoirien .
C’est une certitude et une conviction profonde,retenez le bien.

Guillaume Soro est hors du pays et affirme qu’il est candidat à la présidentielle 2020 ? ça sent la pléthore de candidats pour l’opposition à la présidentielle, avec celle de Bédié qui ne fait plus l’ombre d’aucun doute. L’opposition ne se fragilise-t-elle pas ainsi ? Un seul candidat n’aurait pas l’affaire ?

Ce dont je suis profondément convaincu, c’est qu’il y aura une alternance démocratique et pacifique à l’issue du prochain scrutin présidentiel.

Les CNI à 5 000 Fcfa et le débat sur le financement de l’opération par la Banque mondiale, à hauteur de 30 milliards Fcfa. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

Nous réclamons toujours la gratuité pour tous de la Carte Nationale d’Identité pour ceux qui n’en possédaient pas et la prorogation pour les autres.
Concernant le debat sur le financement de la Banque Mondiale, nous regrettons l’absence de débat ou le report du débat qui devrait avoir lieu sur la question sur la RTI.Au demeurant,nous vous invitons à consulter le rapport de cet organisme international sur le sujet.

Un appel aux Ivoiriens en vue de freiner la propagation du Coronavirus !

Aux Ivoiriens nous disons que la COVID-19 est une réalité en Côte d’Ivoire.

C’est une maladie extrêmement contagieuse et mortelle. Il est important de respecter scrupuleusement les mesures de prévention annoncées par l’organisation mondiale de la santé et les autorités sanitaires. C’est une question de vie ou de mort.Nous avons besoin de tous pour bâtir cette Côte d’Ivoire de liberté, de justice et de démocratie. Nous les appelons à la solidarité Nationale et à la cohésion sociale.
Je voudrais profiter de l’occasion pour féliciter mes collègues agents de santé(toute corporation confondue)qui sont en première ligne,au devant de la lutte.

Je salue leur dévouement et leur professionnalisme malgré l’insuffisance de moyens mis à leur disposition .
Ils font la fierté de la Nation.
Ensemble nous gagnerons le combat !
Pour terminer ,je voudrais souhaiter un prompt rétablissement aux malades du COVID-19 et présenter mes condoléances les plus attristées aux familles des malades ayant malheureusement succombé.

Source: “DERNIÈRE HEURE MONDE”du 8 avril 2020

ivoirebusiness.net

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