Théâtre : Le trafic forestier de l’ouest démantelé

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Traiter sous forme burlesque, hyperbolique, la pièce est portée par un comique à souhait qui hurle haut et fort les aspirations d’une population vivant un calvaire.

Théâtre : Le trafic forestier de l’ouest démantelé

Mise en scène par Luis Marques, « Sauvons le Cavally » a été joué à la Fabrique culturelle le week-end dernier. Sauvons le Cavally est l’histoire d’un jeune riverain Guéré Jules, qui se révolte contre une situation insupportable. C’est aussi l’histoire du lieutenant Rassouba (anagramme de Roubassa) de la Sodefor qui, armé lui aussi de courage lutte contre l’invasion clandestine d’individus malfrats dans la forêt de Cavally.

A la tête de ses malfrats, le lieutenant Grigbo corrompu jusqu’aux os, y impose à toute la population qu’il rançonne des tarifs de 2000f par bœuf par exemple. Impliqué avec les bandes armées, le représentant du peuple à l’hémicycle en profite pour s’enrichir. Il en est de même pour la population burkinabé qui tente de tirer profit de tout cet imbroglio administratif et financier.

Sur scène pour ratifier ce récit, 9 artistes dont des noms connus : Tao, le binôme de Zongo ; Akro N’Gbin, transfuge de la compagnie Siamois expression et actuellement sur le petit écran dans des séries ; Eve Guéi chanteuse, danseuse comédienne en instance d’être affectée en qualité de professeur d’art dramatique, après 5 ans de formation à l’Insaac ; Patricia Zebato régisseur lumière et comédienne depuis 2002 avec les initiateurs des projets et Diakité Satiyouma dit Papa Diakité, comédien et flutiste pastoral, transfuge du Koteba et qu’on retrouve dans Kaidara.

A ces professionnels, le metteur en scène, Luis Marques fait se frotter des personnages réels existant dans le Cavally pour traiter de l’épineux problème de la forêt classée de 67000 hectares, située dans la sous-préfecture du département de Guiglo, dans l’ouest de la Côte d’Ivoire. Pour contourner la difficulté de la pléthore d’intervenants, Luis Marques anthropologue à la base, fait avec aisance se démultiplier les comédiens. Eve Guéi tient 4 rôles, une journaliste, Mme Mado, le juge, une villageoise à la proéminence anatomique confirmée.

Traiter sous forme burlesque, hyperbolique, la pièce est portée par un comique à souhait qui hurle haut et fort les aspirations d’une population vivant un calvaire. Sauvons le Cavally a fait se plier de rire tout le public de La fabrique culturelle accordant ainsi son suffrage aux hommes à l’ouvrage sur les planches.

La parure fantastique des acteurs, le louvoiement entre réalité et fiction, les costumes autochtones, la célérité de changement de décor, de rôles et de personnages, les effets esthétiques, le spectacle de corps et de communication symbolique, tout a été bien orchestré pour prendre par exemple des allures de comédie musicale avec Eve Guéi au chant : « Si nous coupons les arbres, il n’y aura plus de pluie/Il faut reboiser pour les enfants» et ses collègues aux chœurs « Sauvons le Cavally ». On l’a compris, la morale, la sensibilisation s’est tout le temps trouver une place entre deux bouffées de rire dans cette pièce parfois drôle et humoristique mais toujours caustique et abrasive avec un happy end pour le plaisir d’un public très animé.

Public urbain autres que les villageois aux alentours de la forêt directement concernés et pour qui les efforts des Ong locales et l’Ong Wild Champanzee Foundation dont c’est l’initiative, sont consentis.

ALEX KIPRE
fratmat.info

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