Côte d’Ivoire – Réconciliation nationale : Neuf ans après l’arrivée de Ouattara, beaucoup d’engagements pour un processus toujours en panne

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2010 – 2020 : neuf ans et deux mandats pour Alassane Ouattara. A l’heure du bilan en ce début de mois d’octobre 2020, mois du scrutin présidentiel, le champion du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP, parti au pouvoir), peut se vanter d’avoir été surnommé « Mamadou Goudron » pour son engagement à réaliser les infrastructures notamment celles liées au réseau routier. Cela dit, les observateurs s’accordent à dire que dix ans après la crise postélectorale, le président ivoirien n’a pas réussi à réconcilier les Ivoiriens. Et cela en dépit de plusieurs initiatives telles que la Commission Dialogue Vérité et Réconciliation (CDVR, 2011 – 2014), la Commission nationale pour la Réconciliation et l’Indemnisation des Victimes des crises survenues en Côte d’Ivoire (CONARIV, 2015-2017) et même un ministère consacré à la solidarité, l’indemnisation des victimes et la cohésion sociale.

Un constat, à l’issue de la crise postélectorale de 2010 : pour la première fois dans l’histoire de la Côte d’Ivoire, deux Ivoiriens, Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, ont été transférés devant la Cour pénale internationale (CPI). Il faut souligner que des milliers de morts ont été dénombrés après cette crise. A cela, il faut ajouter les exilés, les dégâts matériels, les préjudices moraux ou encore les violences de tous genres.

Face à cet état des lieux, le ministère de la solidarité, de l’indemnisation des victimes et de la cohésion sociale, explique, à travers un document, avoir agi sur le terrain par la prise en charge d’orphelins de la crise postélectorale, de victimes de violences ou encore par des actions de sensibilisation en faveur du retour des réfugiés. Par la suite, des exilés sont rentrés en Côte d’Ivoire après plusieurs années hors du pays. Des prisonniers dont Simone Gbagbo ont été remis en liberté. Le ministère dirigé par Mariatou Koné révèle également, dans un rapport, que « 4 442 familles [ont été] indemnisées à la date du 12 août 2020, dont 3 248 de la crise postélectorale et 1 194 des autres crises à partir de 1990 comme recommandé par la CDVR ». Cependant les membres de la CDVR ont dénoncé, par ailleurs, un manque de prise en compte de leurs recommandations.

Et sur le terrain, le sentiment, de façon générale, est que malgré les efforts de la ministre Mariatou Koné, pour dédommager des victimes à travers le pays, cela n’a pas pu réconcilier les Ivoiriens comme il se devait. En matière de réconciliation, les Ivoiriens attendaient bien plus. Eux, qui estiment dans leur grande majorité qu’au lendemain de la crise post électorale de 2011, seuls les adversaires de Ouattara ont subi la rigueur de la justice.

Et à la veille de la présidentielle en Côte d’Ivoire, la sérénité n’est toujours pas au rendez-vous. La preuve, de nombreux Ivoiriens sont encore en exil. Les discours de violence continuent de régner en maître dans la sphère des réseaux sociaux ivoiriens. Les passes d’armes et les levées de bouclier sont devenues récurrentes surtout en cette période préélectorale. Les projets de société des candidats en lice affichent encore des lignes consacrées à la réconciliation nationale. Pourvu que les intentions se transforment en volonté et rencontrent l’adhésion sincère des frères malheureusement toujours ennemis. Au nom de la politique !

René Tiécoura
Source: Lebanco.net

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