AFFDO-CI : Que le président Ouattara prenne ses responsabilités en faveur de la réconciliation

2097

[ Publié / Modifié il y a

AFFDO-CI : Que le président Alassane OUATTARA prenne ses responsabilités en faveur de la réconciliation
Désirée DOUATI lance un appel pour la libération des 29 personnes encore en détention.

Dans un entretien accordé à l’équipe de Ivorian.net basée en Côte d’Ivoire, Désirée Douati dit tout sans détour.Nous vous proposons l’entrevue en exclusivité menée au siège de l’AFFDO-CI sis au 2 plateaux valon à 14h le Jeudi 17 Octobre 2018.

Junior OKA : Le 11 Avril, le président de la république de Côte d’Ivoire est enlevé et jusqu’à ce jour prisonnier à la HAYE au Pays-Bas et avec lui de nombreuses autres personnalités ayant travaillé avec lui.
Dans un communiqué en Date du 22 Octobre 2015, vous annoncez la création de l’Association des Femmes et des Familles de Détenus d’Opinions de Côte d’Ivoire (AFFDO-CI), comment est née cette association et quelle est son but ?
Désirée DOUATI : Je vous remercie , je suis Désiré DOUATY présidente de l’Association des Femmes et des Familles de Détenus d’Opinions de Côte d’Ivoire (AFFDO-CI). Avant tout propos je tiens à saluer tous les internautes du web tv de Ivorian.net et à travers ses antennes remercier toute la presse qui ne cesse de nous soutenir depuis 7 ans et si aujourd’hui, il est question de Amnistie, c’est en partie grâce à la presse. Je réitère mes sincères remerciements à l’endroit de la presse. Comme vous l’avez si bien dit, le 11 Avril le Président Laurent Gbagbo a été arrêté et quelque mois plutard déporté à la Haye, alors son arrestation pour nous, marque le début de la violation des droits de l’homme en CI. Car il y a eu une personne qui a gagné les élections en 2010 et cette personne s’est vue arraché son pouvoir d’Etat dans les conditions que nous connaissons tous. A la suite de son arrestation plusieurs ivoiriens : des anonymes, des élèves, des étudiants ont été arrêté, certaines personnes ont perdu la vie durant ces moments de détentions. C’est alors qu’en Octobre 2015 nous avions décidé d’user par la voie légale mis sur pied cette Association des Femmes de Famille de Détenus. Mais je tiens à préciser que le combat pour le respect de la dignité humaine a commencé depuis Octobre 2012 date à laquelle, moi-même j’ai été incarcéré, jugé et relaxé.
J.O : le but de l’association ?
D.D : l’association a pour but de défendre le droit des ivoiriens, le droit des détenus qui sont privés de liberté de manière injuste de manière arbitraire et comme le dit déjà l’association, qui sont détenus pour leurs opinions.
J.O: je rappelle que vous êtes présidente de cette association. Qui est Désiré DOUATY ?
D.D : Je suis ivoirienne, troisième enfants d’une famille de quatre enfants, consultante en communication politique, j’ai été conseillère en communication du président Laurent Gbagbo et depuis peu je suis président de AFFDO-CI qui milite pour la défense des droits de l’homme.
J.O : Vous créez cette association avec d’autres femmes et familles de détenus dans un contexte de protection et de gestion du pouvoir qui ne tôlerait pas la moindre protestation, ni critique, n’aviez-vous pas eu peur d’être incarcérer à votre tour ?
D.D : Le pouvoir a réveillé en moi le courage, en m’arrêtant arbitrairement, le pouvoir venait d’enlever la peur en moi. Je suis rentré à la MACA( Maison d’Arrêt et de Correction d’Abidjan) étant enceinte, à la sortir à cause des tortures et les conditions inhumaines j’ai perdu mon enfant.
J.O : De quels moyens disposiez-vous pour mener ce combat ?
D.D : l’AFFDO-CI fonctionne avec les moyens de la présidente et des dons des personnes anonymes. J’ai aussi eu beaucoup de soutient des membres de ma famille biologique, des amis qui sont proches du pourvoir. Et c’est l’occasion pour moi de dire merci à toutes ces personnes.
J.O : Déjà à cette époque, vous plaidiez en faveur d’une loi d’amnistie de tous les prisonniers politiques et d’opinions ?
D.D : A un moment donné nous avons compris que la justice n’avait plus sa place dans ce dossier hautement politique donc il fallait une décision à un problème politique, nous avons donc opté pour une demande de loi d’amnistie ou toutes autres mesures pouvant permettre la liberté des personnes. Parce que, nous nous sommes dit que l’amnistie était la meilleure solution pour mettre fin à cette souffrance. C’est vrai que aujourd’hui l’amnistie a eu lieu, mais nous nôtre combat continu, car il y a encore les personnes en prison, ils sont aux nombres de 29 et pour eux nous mènerons ce combat.
J.O : Après 7 années de combats pour la libération de ses prisonniers, qu’avez-vous ressentie à l’annonce de la loi d’amnistie en faveur de ces 800 détenus injustement gardés en prisons et privés de leurs droits ?
D.D : C’était vraiment une joie, c’était plusieurs années de réflexions, de souffrances et de pressions qui prenaient fin en quelque seconde. Lorsque tu vis ce moment, tu ne peux que penser à Dieu. Car ce soir du 6 Aout, nous avons tous rendu gloire à Dieu.
J.O : A en croire le communiqué en la date du 09 Septembre 2018 dont ivorian.net a eu copie, cette mesure n’aurait pas été appliquée à l’ensemble des détenus concernés par cette loi d’amnistie. Quelle est l’état des lieux des prisonniers à ce jour encore détenus ?
D.D : il y a exactement 29 personnes qui sont détenues dans quatre prisons, qui sont, la MACA, la MAMA, le camp pénal de Bouaké et l’école de gendarmerie d’Abidjan. Malheureusement parmi ces personnes il y a de grand malade, il y a des civils et des militaires. Alors, que le Président Alassane Ouattara prenne sa responsabilité en faveur de la réconciliation.
J.O : On parle des prisonniers politiques et l’un des premiers prisonniers reste le Président Laurent Gbagbo dont le procès est toujours en cours à la Haye. Quelle lecture faites-vous de ce procès et croyez-vous en une libération du président ?
D.D : il est victime d’une injustice, alors continuons à mener des actions pour que sa liberté soit effective. Nous voulons faire confiance à la justice internationale, car nous pensons qu’après 7ans de détention sans preuve, il est tant d’accorder au président Gbagbo une liberté provisoire à défaut d’un acquittement. Je pense que l’heure de la liberté provisoire a sonné. Nous espérons que la justice internationale ne sera pas politisée.
J.O : votre mot de fin.
D.D : Je tiens à dire merci à l’équipe de ivorian.net qui se tient à nos côté. Cela a été un réel plaisir pour moi. Je lance un appel à l’ endroit du chef de l’Etat d’accepter de libérer les 29 personnes encore détenues pour que le respect de la dignité humaine soit une effectivité. Je vous remercie.

Inteview réalisée et menée
par Konan Oka Junior et Fernando Zéguiba
pour Ivorian.Net

PARTAGER