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La mode ivoirienne s’impose peu à peu comme une vitrine du dynamisme et du talent du pays. Longtemps restée dans l’ombre, elle connaît aujourd’hui une véritable renaissance portée par une nouvelle génération de stylistes qui allient savoir-faire traditionnel et vision moderne. À Abidjan, capitale de toutes les tendances, cette effervescence créative attire l’attention bien au-delà des frontières.
Parmi les figures les plus marquantes, Loza Maléombho symbolise cette ouverture. Née en Côte d’Ivoire et formée aux États-Unis, elle conjugue dans ses créations le style urbain contemporain et les références culturelles africaines. Ses pièces, portées par des artistes internationaux comme Beyoncé, ont contribué à faire connaître la mode ivoirienne sur les podiums du monde.
Dans un registre plus classique, Gilles Touré, figure respectée de la haute couture abidjanaise, continue de défendre une élégance raffinée inspirée du pagne traditionnel. Son travail sur les coupes, les matières et les finitions témoigne d’un savoir-faire reconnu. Pathé O, autre pionnier installé à Abidjan, reste l’un des artisans majeurs de la valorisation du pagne tissé, transformé en symbole d’identité africaine et de fierté culturelle.
Cette relève trouve aujourd’hui un nouvel élan grâce à une génération de jeunes créateurs. Lafalaise Dion, célèbre pour ses bijoux en cauris, incarne cette fusion entre spiritualité, design et affirmation de soi. Ses créations, exposées sur plusieurs scènes internationales, redonnent vie à des symboles ancestraux. Ibrahim Fernandez et Zak Koné (Pelebe), quant à eux, explorent le street-wear ivoirien. Leurs marques, inspirées de la rue et de la jeunesse abidjanaise, traduisent une envie de liberté et d’authenticité.
Le street-wear abidjanais, porté par cette génération connectée, est devenu un phénomène social et culturel. Les jeunes créateurs y expriment leur quotidien, leur humour et leur identité, tout en adoptant les codes du design moderne. Parallèlement, la mode de luxe ivoirienne se structure autour d’événements comme l’Abidjan Fashion Week, qui réunit chaque année des stylistes venus de tout le continent. Ces initiatives contribuent à placer la Côte d’Ivoire sur la carte des grandes capitales africaines de la mode.
Le label « Made in Côte d’Ivoire » prend ainsi de l’ampleur. Derrière cette appellation, il y a une volonté affirmée de produire localement, d’utiliser les matières premières du pays et de former une main-d’œuvre qualifiée. Cette approche ne vise pas seulement à promouvoir un style, mais aussi à bâtir une véritable filière économique capable de créer de la valeur ajoutée sur place.
À l’international, le rayonnement ivoirien est de plus en plus visible. Les créateurs du pays participent à des défilés à Paris, Londres ou New York, et leurs collections séduisent une clientèle cosmopolite en quête d’authenticité. En Afrique, Abidjan s’impose comme un centre de création où convergent jeunes talents, investisseurs et influenceurs. La capitale économique ivoirienne devient ainsi une passerelle entre les modes africaines et les marchés mondiaux.
La mode ivoirienne illustre aujourd’hui la vitalité culturelle du pays. Elle raconte l’histoire d’une société en mouvement, fière de son patrimoine et tournée vers l’avenir. Mais au-delà de la créativité, le véritable défi reste la structuration du secteur : transformer cette énergie artistique en une industrie durable, capable de générer des emplois et de soutenir l’économie locale.
Plus qu’un simple phénomène de tendance, la mode ivoirienne est devenue une expression de confiance, un outil de rayonnement et une invitation à redéfinir l’élégance africaine dans le monde.
F. Kouadio
Cap’Ivoire Info / @CapIvoire_Info












