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En juillet 2024, à Tinzawaten, une bataille décisive oppose le CSP-DPA (Cadre Stratégique pour la Défense du peuple de l’Azawad) aux mercenaires russes de Wagner, soutenus par les Forces armées maliennes. La confrontation se termine par une défaite humiliante pour la coalition russo-malienne, qui perd une colonne entière et subit de lourdes pertes humaines. Cette déroute constitue l’une des plus sévères de Wagner depuis 2018, en dehors de l’Ukraine.
Pour réparer cette défaite, Wagner lance en octobre 2024 l’opération « Vengeance » en collaboration avec l’armée malienne, visant à reconquérir Tinzawaten. Cependant, l’opération échoue à nouveau : après plusieurs jours d’errance dans le désert, les forces russo-maliennes rebroussent chemin sans engager le combat. Ce nouvel échec met en lumière les tensions croissantes entre Wagner et l’armée malienne, les mercenaires russes exprimant leur mépris envers les soldats maliens, alimentant ainsi une discordance grandissante.
La question du renouvellement du contrat entre les Forces armées maliennes et Wagner devient alors un enjeu majeur. Six mois après la défaite de Tinzawaten, la réputation de Wagner s’est considérablement détériorée auprès des pays africains, notamment au Mali, au Burkina Faso et en République centrafricaine, où la milice avait été déployée. Initialement perçue comme un acteur clé dans la lutte contre les groupes terroristes et un protecteur des régimes locaux, la présence de Wagner apparaît désormais comme un moyen pour la Russie de renforcer son influence, au lieu d’une véritable action contre le terrorisme. Les captures de soldats russes par des rebelles témoignent de l’échec de cette stratégie.
Après la mort de Yevgeniy Prigozhin en août 2023, Wagner semble sur le point de disparaître. Cependant, le Kremlin crée une nouvelle structure, l’Africa Corps, afin de maintenir l’influence russe en Afrique sous le contrôle direct de Vladimir Poutine. Cette « renationalisation » des opérations vise à limiter l’autonomie de Wagner et à intégrer davantage les missions dans une logique étatique, en préservant avant tout les intérêts stratégiques russes, malgré les échecs militaires en cours.
En janvier 2025, les attaques terroristes dans le Sahel persistent, mettant en évidence l’inefficacité de l’alliance avec Wagner. Les forces russes semblent absentes lors des moments cruciaux, et les livraisons récentes d’armements au Mali s’inscrivent dans un soutien à la transition vers l’Africa Corps, plutôt que dans une aide réelle dans la lutte contre le terrorisme. Cela reflète les priorités géopolitiques du Kremlin, souvent aux dépens de la stabilité régionale.
Au final, l’échec de Wagner et la gestion défaillante des conflits au Sahel soulignent l’incapacité de la Russie à répondre aux besoins de sécurité des pays africains. La question demeure : le Mali a-t-il vraiment besoin de l’aide de mercenaires russes, surtout lorsque Moscou semble plus préoccupé par ses propres intérêts stratégiques que par la protection des populations africaines ?
F. Kouadio