Présence discrète du Hezbollah en Côte d’Ivoire : ce que font les autorités pour garder le contrôle

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Depuis quelque temps, les autorités ivoiriennes gardent un œil attentif sur certaines activités communautaires à Abidjan. En cause : des soupçons de liens indirects avec le Hezbollah, un mouvement politico-militaire libanais très actif au Moyen-Orient, et considéré comme organisation terroriste par plusieurs pays occidentaux.

Des mouvements d’argent qui posent question
Dans des quartiers comme Adjamé, Treichville ou Abobo, des transferts d’argent suspects ont été signalés au sein de cercles communautaires issus d’une minorité de la diaspora libanaise chiite. Officiellement présentés comme des dons pour l’entraide ou des œuvres caritatives, ces fonds prendraient parfois des chemins discrets vers l’étranger, hors des circuits bancaires classiques.
Selon nos sources, certaines de ces transactions sont passées au crible par la CENTIF, l’organisme chargé de détecter les flux financiers douteux en Côte d’Ivoire. Elle collabore étroitement avec les services de sécurité, notamment la Direction de la Surveillance du Territoire (DST).
Soutien extérieur dans la lutte contre le financement suspect
La lutte contre ce type de réseau ne se fait pas seul. La Côte d’Ivoire travaille en silence avec des partenaires comme la France, les États-Unis ou les israéliens qui partagent leur expertise et leur renseignement. Grâce à ces coopérations, plusieurs individus jugés sensibles ont déjà été interpellés ou discrètement expulsés du territoire.

Une communauté ancienne, mais parfois traversée par des tensions
La communauté libanaise de Côte d’Ivoire est présente depuis plus d’un siècle. Elle joue un rôle important dans le commerce, la construction ou l’import-export. Mais en son sein, des divergences existent : au sein de la communauté chiite une minorité identifiée serait proche du Hezbollah, pendant que la majorité des chiites, des chrétiens ou des sunnites préfère rester en dehors de toute affaire politique.
Il ne faut pas confondre la religion avec des engagements idéologiques venus d’ailleurs. Ce que font quelques-uns ne reflète pas une communauté.

Une stratégie silencieuse pour éviter les tensions
Face à ces soupçons, l’État ivoirien avance avec prudence, mais sans laxisme. Le mot d’ordre : discrétion, efficacité, et surtout préservation de la cohésion sociale. Des mesures sont déjà en cours pour renforcer le contrôle sur les circuits financiers informels, sans pour autant pointer du doigt une communauté entière.
Des réformes de loi sont également prévues pour mieux encadrer ces pratiques et prévenir toute forme de financement indirect de groupes extrémistes, où qu’ils se trouvent dans le monde.

Une réalité régionale bien connue
La Côte d’Ivoire n’est pas la seule concernée. Au Bénin, au Sénégal ou encore au Togo, les mêmes réseaux sont observés avec attention. Des réunions régionales régulières permettent aux services de sécurité de partager les informations et d’éviter toute implantation durable de groupes radicaux étrangers sur le continent.
Sans faire de bruit, l’État ivoirien garde l’œil ouvert sur certaines activités sensibles à Abidjan. Si la majorité de la communauté libanaise vit en paix et contribue à l’économie nationale, des soupçons persistent autour d’un petit noyau qui pourrait être lié à des réseaux étrangers comme le Hezbollah. Pour éviter tout dérapage, les autorités avancent prudemment mais sûrement, avec le soutien de partenaires internationaux. L’objectif est clair : protéger la souveraineté et la stabilité du pays, sans jeter de l’huile sur le feu.

F. Kouadio
Cap’Ivoire Info / @CapIvoire_Info

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