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Alors que certains pays africains frappent à la porte du groupe des BRICS, la Côte d’Ivoire, elle, ne manifeste aucun empressement. Ce silence, loin d’être anodin, traduit un positionnement réfléchi. Dans un contexte où les puissances se redéploient sur le continent, Abidjan fait le choix de la prudence et de l’autonomie.
BRICS : un club qui intrigue, mais qui divise
Créé pour proposer une alternative à l’influence occidentale, le groupe des BRICS rassemble cinq grandes économies : le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud. En théorie, ces pays veulent défendre un monde plus équilibré. En pratique, ils ne parlent pas toujours d’une seule voix.
Des tensions opposent la Chine et l’Inde, les priorités de la Russie ne sont pas celles du Brésil, et l’Afrique du Sud peine à peser face aux géants du groupe. Si certains pays africains espèrent y trouver un levier de développement ou de reconnaissance géopolitique, d’autres, comme la Côte d’Ivoire, restent sur leurs gardes.
La Chine, moteur discret mais dominant
Dans l’ombre des BRICS, c’est la Chine qui mène la danse. Sa puissance économique et son influence diplomatique en font le véritable pilier du groupe. En Afrique, Pékin investit massivement dans les infrastructures, finance des projets d’envergure, et construit une image de partenaire incontournable.
Mais cette générosité n’est jamais sans contrepartie. Prêts conditionnés, marchés attribués à des entreprises chinoises, dépendance à long terme : les exemples ne manquent pas. En intégrant les BRICS, un pays comme la Côte d’Ivoire risquerait d’entrer dans un jeu où les règles sont dictées ailleurs. Or, depuis une décennie, Abidjan veille à garder le contrôle sur ses orientations stratégiques.
La ligne Abidjan : souveraineté et équilibre
La Côte d’Ivoire a fait le choix d’une diplomatie pragmatique. Elle coopère avec tous les partenaires sérieux, qu’ils viennent d’Asie, d’Europe ou d’Amérique. Elle accueille les financements nécessaires à son développement, mais sans sacrifier sa souveraineté.
Ce modèle, basé sur la stabilité économique, l’attractivité des investissements et le respect des institutions, a porté ses fruits. Pourquoi s’en détourner pour intégrer une alliance dont les objectifs restent flous, et où les intérêts africains ne sont pas toujours au cœur des discussions ?
Observer sans s’aligner
La neutralité de la Côte d’Ivoire dans ce dossier ne signifie pas une absence d’ambition sur la scène internationale. Bien au contraire. Elle témoigne d’une volonté de rester maître de ses choix, de construire des partenariats équilibrés, et de ne pas céder à l’effet de mode.
Tant que les BRICS ne se doteront pas d’un véritable projet collectif qui inclut réellement les voix africaines, leur attractivité restera relative. Et Abidjan, fidèle à sa ligne, continuera d’avancer selon ses propres intérêts.
F. Kouadio
Cap’Ivoire Info / @CapIvoire_Info