Marabadiassa: Une délimitation des territoires villageois vire à l’affrontement

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La délivrance des certificats fonciers est une préoccupation du gouvernement ivoirien. Mais dans des localités, les populations ne s’entendent pas sur les limites de leurs terres.

Marabadiassa est une localité qui a des limites territoriales avec un certain nombre de villages baoulé que sont Allokokro, Pétessou et Blemplo, et la sous-préfecture de N’Guessankro. A peine l’opération de délimitation a démarré les 26 et 27 octobre derniers, qu’elle a viré à un affrontement sanglant. Bilan : de nombreux blessés dont certains cas graves, causés par l’utilisation d’armes à feu et des dégâts matériels.

Tout est parti d’une divergence de vue entre le chef de la Tribu de N’Guessankro, Nanan Mangoua Konan Hervé et le chef de Marabadiassa, Souleymane Touré, au cours d’une réunion qui a été convoquée par un commissaire enquêteur.

Pour le chef de Tribu de N’Guessankro, les limites territoriales de son village sont au niveau des villages baoulé que sont Allokokro, Blemplo et Pétessou qui sont des villages de la sous-préfecture de Marabadiassa. Un point de vue que conteste le chef de village de Marabadiassa.

Le commissaire enquêteur décide de commencer l’opération en accord avec les sous-préfets de Marabadiassa et de N’Guessankro. C’est dans l’exécution de l’opération que plus d’une dizaine de jeunes des villages concernés sont faits «prisonniers» par les jeunes de Marabadiassa. Avec l’intervention des autorités administratives, les «prisonniers» ont été libérés quelques heures plus tard. Mais ces libérations étaient loin d’apaiser les cœurs et les esprits des belligérants.

En effet, dès le lendemain, il y a eu un affrontement sanglant entre les habitants de Marabadiassa et ceux de Blemplo. Des armes à feu ont retenti. Mais qui a été le premier à faire usage d’armes à feu ? Les deux parties se rejettent la balle. «Ils nous ont attaqué une première fois. Par la suite, ils sont allés prendre du renfort avec des gens armés de fusils calibre 12. Ils ont tiré à bout portant sur nous. Moi-même, j’ai été blessé à la main », a expliqué, Aho Kouamé Réné, chef de village de Blemplo.

Pour Aboubacar Diabaté, président des jeunes de Marabadiassa, ce sont leurs adversaires qui ont ouvert le feu. Conséquence : il y a eu de nombreux blessés de part et d’autre par arme à feu.

A notre arrivée, à Blemplo, aux environs de 14h50, nous avons croisé les autorités préfectorales et les responsables des forces de l’ordre qui retournaient à Marabadiassa, après avoir laissé un peloton de la gendarmerie mobile, venu de Bouaké, pour rassurer les populations et éviter toute reprise des hostilités.

N’Dah Kouamé Roger qui a reçu plusieurs impacts de balles se faisait masser. Par contre, le chef du village qui a été touché à la main, protégeait sa blessure à l’aide d’un pagne de fortune.

Une fois à Marabadiassa, les autorités préfectorales, les responsables des forces de l’ordre ont tenu une réunion de crise à la sous-préfecture avec le chef de Marabadiassa. D’ailleurs, une importante réunion s’y déroulera, le 30 octobre, avec toutes les parties en conflit.

Charles Kazony
Correspondant régional
fratmat.info

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