Echec russe sur le continent africain : le changement de stratégie militaire du Kremlin

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Après une série d’échecs notables en 2024, la Russie serait en train de revoir sa stratégie militaire en Afrique. Cette refonte marquerait la fin de l’implication directe des troupes russes dans des combats contre des groupes armés, pour se concentrer davantage sur la formation des forces locales africaines.
Ce changement de cap survient après plusieurs revers, dont la défaite des mercenaires de Wagner à Tinzawaten en juillet 2024, qui a révélé des défaillances organisationnelles et des tensions internes.
Ces événements ont en effet intensifié les critiques contre l’approche directe de la Russie, notamment au Mali, où l’intervention militaire russe a exacerbé les problèmes de sécurité sans résoudre les crises locales.
Par ailleurs, la situation en Syrie, avec la chute de Bachar al-Assad et l’incertitude qui entoure l’avenir des bases russes, a ajouté une couche supplémentaire de complexité à la situation. Les bases logistiques russes en Syrie étaient cruciales pour les opérations en Afrique, mais elles semblent désormais en suspens, sans plan de relève.
La guerre en Ukraine, qui dure depuis près de trois ans, a également affaibli les capacités russes en Afrique, en détournant des ressources humaines et militaires cruciales, avec une pénurie de combattants et de spécialistes, notamment ceux du groupe Wagner, occupés sur le front ukrainien.
Enfin, la qualité des forces russes déployées au Sahel a souffert de la gestion interne des missions, marquée par des pratiques de favoritisme et une hiérarchie qui privilégie la loyauté sur la compétence. Ces erreurs ont aggravé les problèmes de commandement et de coordination, contribuant à une image de la Russie moins encline à jouer le rôle d’acteur militaire dominant sur le continent.
Face à ce constat, le Kremlin semble désormais plus modéré dans ses ambitions africaines.
Un rapport du Quincy Institute révèle que la Russie envisagerait une réduction de son engagement direct, se concentrant sur la formation des armées locales, en particulier dans le cadre de la force anti-djihadiste de 5 000 hommes récemment formée par les États de l’AES. Les instructeurs russes se limiteraient à un rôle d’assistance, tandis que les forces russes seraient utilisées principalement comme réserve pour protéger les infrastructures stratégiques et administratives.
En parallèle, la Russie compterait renforcer ses initiatives de « soft power » pour influencer l’opinion publique africaine, en soutenant des projets et des organisations qui ciblent le sentiment anti-occidental.
Cette nouvelle approche signale un recul stratégique majeur pour la Russie, qui, après avoir nourri des ambitions de leadership mondial, doit désormais reconnaître ses limites face aux réalités du terrain africain.
Le continent, loin d’être un pion de Poutine, a ainsi révélé les faiblesses et les contradictions de la politique russe. Un échec, qui pourrait remettre en question son influence future dans la région.

F. Kouadio – Cap’Ivoire Info

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