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Il est installé en France depuis plusieurs années. Il a plusieurs casquettes : enseignant-chercheur, homme d’affaires, administrateur d’Ong. Mais, celle de promoteur du cacao ivoirien lui colle à la peau. Il se dévoile et dévoile ses activités dans cet entretien.
M. Beugré, vous êtes un acteur incontournable dans l’hexagone, en matière de café-cacao. Promoteur de l’or brun, comment appréciez-vous la fixation du prix du cacao à 1500 FCfa, pour la petite campagne ?
Merci pour la considération que vous accordez à ma modeste personne. Tout d’abord, il faut saluer le leadership et la vision globale du Président de la République, Son excellence Monsieur Alassane Ouattara en faveur des producteurs de cacao. Cette augmentation est judicieuse et appréciable dans la mesure où elle donnera une bouffée d’oxygène aux producteurs d’autant que la récolte n’a pas été bonne cette année. Aussi, nous saluons la politique de stabilisation des prix du gouvernement qui protège les producteurs contrairement à la libéralisation qui les fragilisait.
Foire, commercialisation, enseignement, vous utilisez tous les moyens pour faire la promotion du cacao ivoirien. D’où vous vient cet amour pour le cacao ?
Nous enseignons le cacao à tous les niveaux : collèges, lycées, universités et grandes écoles.
Concernant les collèges, nous enseignons le processus du cacao, de la pépinière à la tablette de chocolat et la géographie du cacao (climat et végétation). Dans les universités, les grandes écoles et les séminaires de formation, nous abordons les thématiques du cacao durable, un cacao éthique et responsable à savoir, l’agroforesterie, la protection environnementale, la lutte contre le travail des enfants, l’économie circulaire et le commerce équitable.
Dans les échanges avec les élèves, un étudiant m’a demandé où il pourrait se procurer «le chocolat du planteur », l’expression venant de lui. Ma réponse a été dubitative ! D’où l’idée d’organiser des foires pour faire la promotion du chocolat et des produits dérivés du cacao de nos artisans chocolatiers ivoiriens. La foire internationale du chocolat bio de la ville de l’île-Saint-Denis est une référence depuis cinq ans. Nous sommes invités dans les foires des villes de France telles que Meaux, Le Pré Saint Gervais, La Loupe, Nemours, Saint-Denis, Chartes pour exposer sur les produits du cacao ivoirien. Notre rôle est de promouvoir le cacao ivoirien et nous en sommes fiers. Cet amour pour le cacao vient de la reconnaissance qu’on lui doit. Le cacao est le symbole agricole de notre très cher pays la Côte d’Ivoire. Les recettes du cacao ont construit notre beau pays. Les recettes ont attribué des bourses d’études dont je suis un des bénéficiaires. Il était de mon devoir, en Europe, de rendre hommage au cacao en faisant sa promotion dans les pays des consommateurs.
Vous enseignez le processus de production du cacao et de fabrication de chocolat aux enfants en France, quel est l’intérêt et l’impact de cette initiative ?
L’intérêt est de leur montrer que le chocolat qu’ils consomment dans leur assiette a une origine, la Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao. Et pour que le chocolat arrive dans leur assiette, il y a un travail minutieux.
Vous avez déjà sorti un livre en bande dessinée à cet effet. De quoi parle-t-il et comment s’est-il comporté ?
C’est l’histoire du vieux Zenda, cacaoculteur dans le village baoulé de Do Sakassou dans la sous-préfecture de Gabiadji dans la région de San Pedro qui décide de rendre visite à Babi, précisément à Crocodiles tours Sainte Marie, à son fils Iré De Djoro, marié à Agathe De Lahou,une Française. Et le couple a cinq enfants. A l’accueil de Papi, les enfants très heureux, les questions fusent de partout : «Papi ! Que fais-tu dans la vie ? »…«Je suis cacaoculteur »… «Papi ! Tu vas nous donner du chocolat ? » Papi ordonne à ses petits-enfants de fermer les yeux… Dès qu’ils ouvrirent les yeux, apparaissait une cabosse de cacao appelé Wa Kounougbé (qui signifie en langue kroumen la chance), la cabosse qui parle… Cette dernière dont les fèves ont échappé à la semence raconte l’histoire du cacao, de la pépinière à la tablette de chocolat, aux enfants.
Cette BD certifiée par le Conseil du café-cacao a été éditée en 2018. C’est un outil pédagogique. De 2018 à 2019, nous avons produit et vendu 15 000 exemplaires aux mairies de France pour récompenser les élèves les plus méritants.
Un deuxième livre est en cours, quel en sera le sujet principal ?
Pas un deuxième livre mais plutôt un renforcement de la première édition. Elle comportera les travaux du Cns (Comité national de surveillance) présidé par notre chère Première dame, Dominique Ouattara. Nous remercions chaleureusement la Première dame pour sa vision globale sur la lutte contre le travail des enfants dans la cacaoculture et la défense de leurs droits. Avec la permission de la Première dame, nous avons inséré tout le long du processus du cacao, les tâches légères (le travail socialisant) que peuvent faire les enfants de 13 ans durant les vacances scolaires, une activité maximum de 2h lorsqu’ils accompagnent leurs parents dans les plantations et les interdits. Le cacao ivoirien étant un cacao éthique et responsable qui n’utilise pas les enfants dans la plantation, nous avons aussi intégré les réserves naturelles (la protection environnementale). Une BD qui reflète la réalité de l’environnement agricole de la Côte d’Ivoire.
A quand sa parution ?
Nous avons terminé les travaux de la BD, nouvelle version, en collaboration avec le Cns. Nous sollicitons et n’attendons que les mots et photo de la Première dame pour la grande préface. La parution pourrait se faire en septembre 2024.
Enseignant-chercheur, homme d’affaires, agent social car vous avez une Ong œuvrant dans ce sens, promoteur, vous êtes aussi dans le football… Qu’est-ce qui vous fait courir ?
Je suis effectivement enseignant-chercheur à l’Université Paris Dauphine : doctorant en économie durable du cacao. C’est l’amour de mon pays la Côte d’Ivoire qui me fait courir. Je trouve ma satisfaction dans l’aide et le soutien que j’apporte à mon compatriote et aussi à celui qui me sollicite.
Je vous informe que le lycée de Taabo, par notre entremise, a participé au concours international d’éloquence, en prélude aux Jeux olympiques et paralympiques Paris 2024 le 5 avril 2024 à l’Assemblée nationale française. Bravo à Taabo qui a été 2e du concours international. Pour rappel, l’année dernière, le lycée Coffi Gadeau de Tiébissou a participé et a été aussi 2e.
J’ai fait plusieurs missions humanitaires en Côte d’Ivoire dans les zones de cacao avec des dons en médicaments, en matériels médicaux et des opérations de dépistage de tension et de diabète.
Merci encore à la Première dame qui m’a donné l’opportunité de participer au programme de sensibilisation du Cns à la lutte contre le travail des enfants durant les vacances scolaires à travers les « classes de cacao », à Guitry, Agboville, Tiébissou et Taabo. En espérant participer au programme des vacances scolaires 2024.
Je suis consultant international en matière de coopérative agricole et nous avons une équipe de foot pensionnaire de la 3e division ivoirienne incluant une académie de jeunes de 14 à 16 ans dont je suis l’un des parrains. Par le biais de mon carnet d’adresses, nous avons pu convaincre l’homme d’affaires français Dawala d’investir dans l’académie de l’entente sportive d’Agboville.
Vos prochains challenges ?
Trois projets se préparent : Il y aura le tournoi international de football « Wa cacao 2024 » qui aura lieu fin mai 2024 à Agboville parrainé par l’homme d’affaires Dawala qui réunira les académies de football de la Côte d’Ivoire, du Sénégal et du Mali. L’objectif est de détecter des pépites pour une carrière internationale.
Nous préparons dans le cadre de la coopération décentralisée un jumelage entre les communes de L’Île-Saint-Denis et de Taabo. Nous travaillons sur les aspects de la coopération entre ces deux communes.
Enfin, nous travaillons sur un partenariat gagnant-gagnant entre des hommes d’affaires européens, asiatiques et les coopératives de café-cacao affiliées à l’Aspcacc (Association des Pca de coopératives de café-cacao). Ces derniers viendront investir sur place dans la transformation du cacao en produits dérivés (masse, beurre, tablettes).
Interview réalisée par
Par Adama KONE
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