Côte d’Ivoire : les jeunes et l’engagement citoyen en 2025

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La jeunesse ivoirienne, longtemps perçue comme une génération désengagée, est en train
de faire mentir les clichés.
Les jeunes s’engagent autrement : en 2025, ils réorientent leurs investissements.
Les codes de la participation citoyenne se réinventent. Moins attirés par les partis
politiques traditionnels, ils se tournent davantage vers les communautés, les réseaux
sociaux, l’activisme local et les initiatives communautaires. L’éducation civique, quant à
elle, fait même son grand retour.
Les programmes institutionnels et l’éducation civique
Le Parcours Citoyen, mis en place dans le cadre du Service national des jeunes, a permis
de former, en mars 2025, environ 900 jeunes au civisme et à la citoyenneté en Côte
d’Ivoire.
Binta Touré, responsable du site du Lycée Jeunes Filles de Bouaké, avait alors souligné
que les collégiens en immersion « vivront des moments marquants qui forgeront leur
conscience citoyenne ».
Le Dr Ouattara Katolognan met en avant que les jeunes vont ainsi devenir « de futurs
citoyens responsables ».
Dans cette même optique, en mars également, la caravane d’Éducation Civique et
Électorale a été lancée par la Garde Citoyenne et plusieurs organisations de la société
civile. Elle s’est déroulée les 1er et 2 mars 2025 à Yamoussoukro et Taabo, afin de
sensibiliser les jeunes au processus électoral et à la citoyenneté.

Un engagement communautaire et des initiatives locales
À la suite des tensions communautaires survenues le 1er avril 2025 à Aboisso, le
gouvernement ivoirien, en partenariat avec l’Observatoire de la Solidarité et de la
Cohésion Sociale (OSCS), a organisé, les 12 et 13 mai, une formation.
Cette formation visait à renforcer les capacités des jeunes leaders sur les mécanismes de
prévention des conflits, la lutte contre les rumeurs et les violences, ainsi que la promotion
d’une paix durable.
L’activisme local entre engagement et manipulation
Bien que l’activisme numérique puisse être un levier d’éveil citoyen, il soulève des
inquiétudes lorsqu’il devient une arme de manipulation entre de mauvaises mains.
Les réseaux sociaux, en particulier TikTok, sont devenus un terrain de jeu pour des
influenceurs qui prétendent porter la voix des jeunes. Mais tous ne poursuivent pas des
objectifs citoyens.
Johnny Patcheko, par exemple, utilise les réseaux sociaux pour tenir des discours souvent
populistes, polarisants ou manipulateurs, flirtant parfois avec la désinformation.
Sous couvert d’activisme, ses contenus servent davantage à semer la défiance envers les
institutions qu’à encourager un engagement civique constructif.
Ce phénomène inquiète plusieurs observateurs, qui y voient une instrumentalisation
politique des réseaux sociaux et une radicalisation d’une partie de la jeunesse, exposée à
des récits biaisés.
D’où l’importance de promouvoir le fact-checking et l’éducation aux médias auprès des
jeunes.
Le fact-checking, une réponse citoyenne portée par la jeunesse
Face à la montée de la désinformation et de l’activisme opportuniste en ligne, une nouvelle
génération de jeunes Ivoiriens s’engage activement dans le fact-checking et la lutte pour
une information juste.
Parmi eux, on peut citer Sylvie Tchissé, journaliste à la RTI, qui sensibilise les jeunes à la
vérification de l’information à travers des formations et des interventions publiques.
Une jeunesse ivoirienne qui réinvente l’engagement
En 2025, les jeunes Ivoiriens ne désertent pas la sphère citoyenne. Ils la redéfinissent.
Qu’il s’agisse d’éduquer leurs pairs sur la citoyenneté, de promouvoir la paix après des
tensions communautaires ou de lutter contre la désinformation, ils investissent de
nouveaux terrains — plus numériques, plus communautaires, plus concrets.
Moins tournés vers les partis, mais plus investis dans leurs territoires, leurs écoles et leurs
outils numériques, ces jeunes sont les artisans silencieux d’une démocratie plus
participative et plus ancrée dans le réel.
Et si 2025 n’était pas la fin du désintérêt politique, mais bien le début d’un engagement
autrement ?

F. Kouadio – Cap’Ivoire Info
@CapIvoire_Info / X

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