Assises nationales nigériennes : la manœuvre du général Tiani pour se maintenir au pouvoir sans passer par les urne

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Assises nationales nigériennes : la manœuvre du général Tiani pour se maintenir au pouvoir sans passer par les urne

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Le renversement du président démocratiquement élu Mohamed Bazoum en juillet 2023 a plongé le Niger dans une zone grise institutionnelle, désormais dirigée par le général Abdourahamane Tiani. En l’absence d’élections, Tiani a orchestré des assises nationales pour la refondation de l’État, réunissant 716 délégués répartis en cinq commissions.
Après six jours de travaux, les conclusions des commissions sont tombées. Celles-ci préconisent d’abord d’allonger la période de transition à un minimum de cinq ans, avec la possibilité de renouvellement, ce qui permettrait à la junte de rester aux commandes jusqu’en 2030 sous prétexte de « stabilisation nationale » et de « refondation institutionnelle ». Dans cette optique, la dissolution des 172 partis politiques existants a d’ailleurs été décidée, éliminant ainsi toute opposition avant même l’ouverture d’un débat sur l’avenir démocratique du pays.
Les recommandations incluent également l’octroi d’une amnistie totale aux auteurs du coup d’État, assortie de leur future éligibilité aux scrutins. Selon les responsables du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), ces mesures reposeraient sur une « volonté populaire » visant à restaurer l’ordre national. Dans le cadre de cette stratégie, le général Tiani pourrait même être promu général d’armée cinq étoiles afin de devenir président de la République sans recourir à des élections.
Le régime affiche par ailleurs son attachement au régime républicain et reconnaît officiellement l’islam comme religion majoritaire.
Enfin, une charte de transition devrait poser les bases d’une nouvelle Constitution consolidant l’emprise du CNSP sur l’appareil d’État.
Face à ces évolutions, la CEDEAO et les chancelleries occidentales ont exprimé des inquiétudes mesurées. Ces dernières hésitent en effet à imposer des sanctions, redoutant que Niamey ne se rapproche de puissances moins regardantes telles que la Russie.
En parallèle, le peuple nigérien observe, partagé entre l’espoir d’une stabilité future et la crainte d’un autoritarisme prolongé.
Reste que cette transition ne se présente pas comme un simple chemin vers une démocratie renouvelée, mais plutôt comme une installation pérenne et minutieusement orchestrée du pouvoir en place.
Tiani, stratège habile, avance ses pions en éliminant toute forme d’opposition.

F. Kouadio – Cap’Ivoire Info
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