Allah Saint-Clair dit ‘’Gl Makelelé’’ (nouveau SG de la Fesci): ‘’Nous avons passé l’étape de la violence’’

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Allah Saint-Clair dit ‘’Gl Makelelé’’ (nouveau SG de la Fesci): ‘’Nous avons passé l’étape de la violence’’

Allah Saint-Clair dit ‘’Gl Makelelé’’ est le nouveau secrétaire général national de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci). Dans cette interview accordée à fratmat.info, il a donné sa vision concernant les élèves et étudiants de Côte d’Ivoire.

Vous avez été élu nouveau secrétaire général national de la Fesci. Quelles sont vos premiers mots après cette élection ?

Je voudrais bénir le Seigneur qui m’a permis de convaincre la quasi-totalité des sections et coordinations de notre organisation. Mais en même temps, je me dis que le plus dur commence.

Pouvez-vous nous parler de votre parcours scolaire et universitaire ?

J’ai d’abord fait un Brevet de technicien (Bt) au lycée professionnel et commercial de Yopougon, ensuite un Brevet de technicien supérieur (Bts) au lycée technique d’Abidjan. Puis une Licence professionnelle suivie d’un Master 2 en Finance, à l’Université tertiaire et technologique (Utt) Loko de Marcory. Je suis actuellement inscrit en Licence 3 de Sociologie à l’Université Félix Houphouët-Boigny de Cocody, après une équivalence en Fip 2.

Et au niveau syndical ?

Au niveau syndical, avant la crise, j’étais le 1er vice-coordinateur Fesci d’Abidjan-Sud. Après la crise de 2010-2011, Assi Fulgence Assi dit ‘’Afa’’, l’ex-secrétaire général national m’a nommé dans son bureau. J’étais alors secrétaire national adjoint chargé des affaires sociales. Notre structure a traversé une crise. C’est suite à la gestion de cette crise qu’il a bien voulu me faire confiance et m’appeler auprès de lui en me nommant 1er secrétaire général adjoint, c’est-à-dire le numéro 2 du mouvement, poste que j’occupais avant d’être élu secrétaire général national.

Est-ce à dire que votre élection n’était pas une surprise ?

A la Fesci, ce sont les sections qui constituent le collège électoral. Lorsque le président du comité d’organisation décidait qu’il y aura trois personnes par section, nous avions déjà fini de faire le tour de la Côte d’Ivoire. Nos adversaires n’avaient d’autres choix que se rallier ou mettre en place un autre système. Car nous avons placé notre mandat sous le sceau de l’union et de l’excellence. Nous avons tendu la main aux autres jusqu’à la dernière minute.

L’on vous reproche de n’avoir pas permis à vos adversaires de battre campagne lors de ces élections.

Ceux qui le disent sont de mauvaise foi. Il n’y a qu’à voir sur les réseaux sociaux, tous les candidats y étaient. Ma force, c’est que pour avoir été sur le campus universitaire avant la crise, beaucoup d’anciens ont décidé de m’aider. Certains ont fait des affiches, d’autres ont imprimé des tee-shirts. Il y a certaines coordinations comme celle du Haut-Sassandra qui a imprimé ses tee-shirts. Beaucoup de coordinations se sont donné elles-mêmes les moyens pendant cette campagne. La vérité est que nous savions que nous allions gagner à 80%, donc nous nous sommes investis à fond. Cependant ceux qui étaient sceptiques, n’ont pas jugé utile de faire des affiches mais ont compté sur les réseaux sociaux.

Vous êtes aussi présenté comme le candidat du pouvoir ?

J’ai entendu cela, et je trouve que c’est malheureux. Je pense que beaucoup de camarades ne me connaissent pas. Sur les réseaux sociaux, ils ont dit assez de choses tout simplement parce que j’ai suivi l’ancien maire N’Gouan Aka Mathias lors des dernières élections locales, qui lui-même était Pdci avant de se rallier au Rhdp.

Quels sont vos rapports avec l’ancien maire de Cocody ?

Le maire faisait partie du conseil de l’Université et il y avait un projet d’embellissement de la commune dénommé ‘’Cocody Cité verte’’ en accord avec la présidence de l’Université Félix Houphouët-Boigny. Un projet auquel la Fesci était associée. J’ai cru en ce projet et discuté avec lui. Je lui ai parlé des problèmes de l’Université (problème d’amphithéâtre, de salles de TD). C’est dans ce cadre qu’il a offert 4000 chaises à l’Université dans le but d’équiper les salles de TD avec près de 500 livres à la bibliothèque. Et j’ai vu que c’était concret, c’est pourquoi lorsqu’il nous a fait part de son projet de briguer un autre mandat à la tête de la commune de Cocody, nous l’avons soutenu. Pour nous, il avait déjà fait un certain nombre de choses et nous pensons que si nous lui accordons un autre mandat, il pourra faire davantage. C’est tout. J’avoue que tout ce que nous avons fait, nous l’avons fait dans l’intérêt des élèves et étudiants de Côte d’Ivoire.

Voulez-vous dire que vous n’avez pas reçu de soutien politique pendant ces élections ?

Pas du tout. Et tellement c’était bien organisé, personne ne pouvait se prévaloir d’un quelconque soutien politique pour gagner ces élections. Je voudrais profiter de l’occasion pour dire que le ‘’Gl Makelelé’’ n’est inféodé à aucun parti politique en Côte d’Ivoire.

Quelles sont les actions que vous comptez entreprendre en tant que nouveau secrétaire général de la Fesci ?

Nous voulons construire un siège pour notre fédération. C’est un bâtiment à deux niveaux avec une salle de conférences de plus de 500 places. Car nous pensons que notre organisation qui a bientôt 30 ans (29 ans actuellement) doit avoir des bases en termes de formation à la technologie, à la communication non-violente. Nous voulons aussi professionnaliser certains systèmes. Nous voulons également identifier tous nos membres afin de pouvoir sensibiliser l’ensemble des élèves et étudiants à l’éradication de la violence dans le milieu estudiantin et scolaire.

D’où proviendront vos ressources pour la construction de ce siège ?

La construction de ce bâtiment sera entièrement financée par la Fesci. Chaque ancien fesciste mettra la main à la poche en donnant soit 1000 F Cfa soit en apportant un sac de ciment.

Et où ce siège sera-t-il construit ?

Nous le voulons sur le campus de Cocody. Nous allons très vite entamer les démarches auprès des autorités pour avoir l’autorisation.

Vous prenez la tête de la Fesci au moment où les enseignants ont décrété une grève à l’Université. Quel commentaire faites-vous ?

Nous, nous ne sommes pas en grève donc nous observons. Notre démarche sera d’aller à la rencontre des enseignants qui ont lancé le mode d’ordre de grève mais aussi des autorités afin d’avoir un dialogue inclusif pour que l’école puisse reprendre.

Sous quel sceau placez-vous votre mandat ?

La promotion de l’excellence parce que nous voulons que l’excellence revienne dans les débats de l’école en Côte d’Ivoire. Très bientôt, nous allons lancer l’opération de réhabilitation du lycée scientifique de Yamoussoukro qui est un symbole en termes d’excellence mais qui malheureusement est dans une situation regrettable. Quand nous voyons l’état dans lequel se trouve cette école qui devrait être la vitrine de l’excellence, nous avons l’impression que ceux qui ont en charge l’éducation nationale, ont le regard tourné ailleurs, et nous allons leur rappeler cela. C’est pourquoi nous allons saisir le taureau par les cornes en lançant un appel à tous les partenaires de l’école épris d’un système éducatif de qualité, de se mobiliser pour la réhabilitation du lycée scientifique de Yamoussoukro. Après cela, nous allons parcourir l’ensemble des lycées et collèges pour sensibiliser élèves sur le fléau que constituent la drogue et le tabagisme qui est aujourd’hui très en vogue dans nos écoles, de même que le harcèlement, le phénomène de tontine sexuelle qui se passe au vu et au su de tout le monde. Nous voulons commencer l’éducation à la base pour que nous ayons des étudiants de qualité à l’Université.

La Fesci est accusée à tort ou à raison de violence. Qu’allez-vous faire pour l’éradiquer ?

Même dans la religion où se trouvent les saints sur qui nous devons prendre les exemples de bonne conduite, il y a toujours eu la violence. On parle de guerres saintes. Mais je crois que la Fesci est sortie de cette étape parce que nous ne sommes plus à l’étape de positionnement. Et Avec ‘’Afa’’ (le Sg sortant), nous avions réussi cela. Maintenant, nous sommes en train de redimensionner notre structure. Mettre la Fesci au cœur d’un programme social de qualité et en termes d’insertion professionnelle. C’est pourquoi les affirmations du genre, la Fesci rime avec la violence, nous pensons que ce sont des clichés. Depuis quelques années, nous n’avons plus de violence dans nos rangs. C’est plutôt la Fesci qui subit désormais les actes de violence parce que nos camarades dans les lycées et collèges perdent leurs années scolaires du fait de leur appartenance à la fédération.

Quels sont aujourd’hui vos rapports avec les candidats malheureux ?

Ceux qui étaient opposés à moi, ce sont mon adjoint direct, le Sga 2 et le secrétaire à l’organisation. Nous avons de bons rapports. Ce sont des positions idéologiques qui nous opposent. C’est un mouvement de réflexion et donc c’est normal qu’on ait par moment des points de vue divergents. Mais la force de notre structure se trouve dans la convergence de ces différences. Donc nous avons réussi à surpasser cela. Même hier (le 2 juin) j’étais avec un des candidats, l’autre aussi m’a appelé pour me demander de me reposer. C’est donc dire que nous sommes en de bons termes et avons dépassé le débat électoral.

Allez-vous donc travaillez ensemble ?

Nous allons travaillez avec tout le monde pour le bonheur des élèves et étudiants de Côte d’Ivoire. Durant notre mandat, nous allons vous invitez à parler de ce qui se passe réellement dans le système éducatif ivoirien, notamment le rôle des Comités de gestion des établissements scolaires (Coges) qui font cotiser nos parents, en mettant parfois les élèves dehors au nom d’une caisse dont on ne maîtrise pas la destination.

Propos recueillis par EY
fratmat.info

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