Terrorisme et Russie: les vrais ennemis du Sahel

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Les pays de l’AES ont décidé de faire évoluer leurs partenariats, de renforcer leur souveraineté et leur sécurité. Les soldats de ces pays sont en première ligne face à la menace djihadiste en Afrique de l’Ouest. Cette menace ne connaît ni union monétaire, ni coalition militaire, ni sommet diplomatique. Elle prospère là où les pays sont en phase de « changement ».
Face à cette recrudescence des attaques djihadiste, l’Afrique de l’Ouest se bat contre un ennemi commun. Des questions se soulèvent, et si la présence russe contribuait, paradoxalement, à l’insécurité dans les pays de l’AES ?

La promesse Russe

En 2021, le Mali souhaite réaffirmer sa souveraineté et redéfinir son partenariat stratégique, un choix qui lui revient de droit. Ce réalignement est marqué par une rupture progressive avec ses alliés traditionnels et un rapprochement vers la Russie, marqué par l’arrivée du groupe paramilitaire Wagner sur son territoire.
En 2023 le Burkina Faso suit, et en 2024 c’est le Niger qui annonce une coopération sécuritaire renforcée avec la Russie.
L’objectif de cette présence Russe est clair : faire le ménage dans ces pays touchés par la présence des groupes djihadistes.
Mais alors que Wagner y opère depuis maintenant plus de trois ans, la situation semble inchangée et tend même à se dégrader.

Moura ou la stratégie de la terreur menée par Wagner

En mars 2022, une opération censée lutter contre le terrorisme a été une pure tragédie pour la population malienne, c’est 500 civils qui ont perdu la vie lors du massacre de Moura.
Ces pertes ont été attribuées aux forces armées maliennes et au groupe Wagner. Mais qu’en est-il vraiment ? Une telle chose aurait-elle pu être perpétrée par les forces armées maliennes ?

L’armée malienne est composée de militaires formés, souvent patriotes, malheureusement sous-équipés, en manque de moyens opérationnels. Mais leur mode opératoire avant 2021 n’a jamais inclus des opérations de cette envergure, ni avec autant de brutalité.

La systématicité des exécutions, le silence radio sur l’opération, la nature des violences rapportées (décapitations, tortures, incendies) … Tout laisse penser à un changement de doctrine. Un changement qui coïncide avec l’arrivée des conseillers russes sur le terrain.

Cette opération menée stratégiquement par Wagner semble avoir affaibli la légitimité de l’État malien dans les zones rurales et terni l’image des FaMa pourtant engagés avec courage sur plusieurs fronts.

Des armées nationales en première ligne

Les soldats maliens, burkinabé et nigériens se battent avec courage pour faire face à la montée en puissance des groupes armées terroristes.
Et malgré la présence Russe, elle paie un lourd tribut. En mai 2025, se sont plus de 130 militaires tués en 48h à Dioura et Boulikessi, au Niger 44 civils massacrés à Fambita.
Malgré la présence de Wagner, les attaques ne cessent pas, se multiplient et semblent salir la réputation des armées nationales.
Une présence qui semble plus isoler que stabiliser, loin de renforcer les États-Sahéliens, la promesse tend à devenir une illusion. Pendant ce temps des ressources minières stratégiques sont concédées à des entreprise Russes, en échange d’un appui sécuritaire qui ne protège pas.

Sécurité contre ressources : un troc opaque

La Russie vend une sécurité sans condition mais qui semble finalement ne profiter qu’à elle. Elle installe une dépendance militaire, une exploitation économique des ressources et une hostilité diplomatique croissante avec les pays voisins. Elle obtient des contrats miniers, des avantages diplomatiques et un contrôle informationnel croissant.

Alors que les djihadistes gagnent du terrain, Moscou déploie une stratégie bien huilée. Non pas sur le champ de bataille, mais dans la sphère médiatique et numérique, tout ceci au détriment des populations sahéliennes, qui ne souhaitent qu’une chose, combattre les groupes terroristes et protéger leur territoire. La Russie s’auto-glorifie à travers une campagne de communication, elle utilise les pays du Sahel comme médiateurs, leur promettant une sécurité, mais la réalité est autre.

Les russes ne mènent pas une guerre contre le terrorisme, ils mènent la guerre de la perception.
Ils renforcent leur influence géopolitique en se positionnant comme allié des peuples africains.
Mais pendant ce temps les groupes armés prospèrent, et la Russie tend à utiliser les pays africains pour étaler sa puissance dans le monde.

Les pays d’Afrique de l’Ouest doivent resserrer les rangs. Face à la menace terroriste, la solidarité régionale n’est plus un choix, c’est une nécessité. Le combat contre les groupes armés est un enjeu commun, au-delà des régimes, des alliances et des divergences.
Mais cette unité est fragilisée par des acteurs extérieurs qui, sous couvert de partenariat, entretiennent la division.
La Russie, notamment, avance ses pions en jouant la carte de la propagande, opposant les pays les uns aux autres, diffusant des récits hostiles et manipulateurs pour mieux s’implanter durablement.
Ne tombons pas dans ce piège.
Le vrai combat, c’est la sécurité de nos peuples. Et cela passe par la confiance mutuelle, la coopération et la lucidité face aux influences qui cherchent à nous diviser.

F. Kouadio
Cap’Ivoire Info / @CapIvoire_Info

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