Oumé / accident de circulation: fin tragique et violente d’un professeur d’EPS

5401

[ Publié / Modifié il y a

Gôh -Oumé / Une foule incendie la cour de la soeur du professeur d’EPS mort dans un accident

L’axe routier Diego-Oumé a été le théâtre d’un drame cette semaine, plongeant Oumé et principalement le village Akroufla et le quartier Yaofla dans le deuil… et le chaos.

Dans la nuit du jeudi 15 mai 2025, Goui Bi Vany Landry, 25 ans, professeur d’éducation physique apprécié à Akroufla, a trouvé une fin violente sur l’axe périlleux Diegonefla-Oumé. Sa mort a déclenché une série d’événements mettant à nu les fractures d’une communauté tiraillée entre modernité et croyances ancestrales.
À 21 heures, la moto Royal noire non immatriculée de Landry a percuté un camion Mercedes-Benz en panne (immatriculé 7535 GY 01), près du carrefour N’Da Guessankro. Le poids lourd, abandonné depuis des heures pour cause de défaillance mécanique, se dressait comme un spectre dans l’obscurité, signalé seulement par une fragile barricade de feuilles , piètre substitut à une signalisation réfléchissante. Les enquêteurs confirment que Landry, dont la moto n’avait pas d’éclairage, n’a eu aucune chance. L’impact lui a fracturé le crâne, emportant une vie dédiée à former de jeunes sportifs.

Si le chauffeur du camion, parti après la panne, risque des poursuites pour homicide involontaire, les questions persistent: pourquoi ce véhicule est-il resté sans surveillance ? Pourquoi cet axe vital, mais mortifère, reste-t-il négligé ? L’enquête suit son cours, mais pour les habitants de Yaofla, les réponses arrivent trop tard.

Samedi 17 mai 2025, l’enterrement de Landry a rassemblé des centaines de personnes ,collègues, élèves, voisins, unis dans la douleur. Mais au crépuscule, le deuil s’est transformé en rage.
Vers 19 heures, plus d’une centaine de jeunes de la communauté Gouro ont convergé vers le carrefour Etranou, leur colère visant une cible improbable: la sœur aînée (ou la grand-mère, selon les versions) de la victime, une marchande de viande de porc. Les rumeurs de sorcellerie s’étaient muées en certitude.
« Elle a mangé l’âme du garçon pour faire prospérer son commerce ! » a hurlé un jeune anonyme, résumant une peur nourrie de superstitions. La foule s’est ruée sur son commerce , saccageant toute sa provision de viande de porc avant d’y mettre le feu. Les flammes ont dévoré le gagne-pain d’une femme désormais stigmatisée comme sorcière. Seule une pluie providentielle a empêché l’incendie de se propager.
Aucun blessé n’est à déplorer, mais les cicatrices sont plus profondes. La police et les médiateurs dépêchés en urgence, ont obtenu une trêve précaire. L’incident révèle pourtant une triple crise :
1. Routes meurtrières : L’axe Diegonefla-Oumé, tristement célèbre pour son infrastructure défaillante, a encore tué.
2. Le fantôme de la sorcellerie : À l’ère des smartphones, les peurs ancestrales continuent d’enflammer les esprits.
3. Une génération à la dérive : « Ces jeunes n’ont ni travail ni espoir. Ils s’accrochent à des récits pour expliquer leur souffrance », soupire un médiateur local.
Tandis que les enquêteurs traquent les incendiaires et que la pluie lave les cendres de Yaofla, Oumé affronte ses paradoxes. Vany Landry, homme qui célébrait le travail d’équipe et la discipline, incarne désormais les fractures d’une communauté. L’échoppe calcinée de sa sœur reste un monument macabre aux rumeurs, à la colère, et à l’obscurité qui prospère là où la lumière faiblit.

Ceci n’est pas seulement le récit d’un accident. C’est un miroir tendu à un monde où progrès et tradition s’affrontent, et où le chemin de la guérison reste aussi périlleux que la route qui a volé la vie du professeur Vany Landry.

DJACK ZOLA

PARTAGER