Mi-24, C295, Mirage 2000… L’armée de l’Air ivoirienne accélère sa montée en puissance

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La transformation de l’armée de l’Air ivoirienne s’opère à un rythme soutenu. En quelques années, elle est passée d’une force en retrait à un acteur en pleine modernisation, porté par une série d’acquisitions stratégiques, un vaste programme de rénovation des infrastructures et un renforcement de ses partenariats militaires, notamment avec la France et la Chine.
Ce tournant répond à une volonté politique claire : faire de la Côte d’Ivoire une puissance sécuritaire majeure en Afrique de l’Ouest, capable de répondre efficacement aux menaces émergentes — terrorisme, trafics transfrontaliers et piraterie maritime.
Une flotte aérienne renouvelée
Le renouveau a débuté en 2020 avec l’arrivée de quatre hélicoptères soviétiques acquis auprès de la société bulgare Metalika-AB : deux Mi-24 d’attaque et deux Mi-17 de transport. Robustes et polyvalents, ces appareils ont rapidement été mobilisés pour des missions de sécurisation, en particulier dans le nord du pays, où les tensions sécuritaires persistent.
Autre jalon majeur : la réception officielle, en novembre 2023, d’un avion de transport Airbus C295 sur la base aérienne de Port-Bouët. Conçu pour assurer des missions variées (transport de troupes, logistique, évacuation sanitaire), il confère à l’armée de l’Air une capacité de projection régionale sans précédent.
L’année 2024 a vu l’arrivée de deux Beechcraft King Air 360, spécialisés dans la surveillance maritime. Une acquisition stratégique pour renforcer la lutte contre la piraterie dans le golfe de Guinée.

L’œil des airs : drones et renseignement
L’armée de l’Air ivoirienne a également investi dans les capacités ISR (intelligence, surveillance, reconnaissance). Depuis décembre 2021, quatre drones DELAIR DT26 sont en service, permettant une surveillance aérienne étendue, en particulier dans les zones frontalières avec le Mali et le Burkina Faso. Cette évolution marque un pas vers une armée modernisée, capable de s’adapter aux menaces asymétriques et de recueillir du renseignement en temps réel.
Infrastructures modernisées, formation renforcée
La montée en puissance ne concerne pas uniquement les aéronefs. Sous l’impulsion du Général Alfred Koffi, chef d’état-major de l’armée de l’Air, d’importants travaux de modernisation ont été engagés sur les bases de Yamoussoukro et Bouaké. Objectif : améliorer la logistique, l’accueil des nouveaux équipements et la capacité d’intervention rapide.
Coopérations stratégiques : France en tête, Chine en renfort
La coopération franco-ivoirienne reste au cœur de cette dynamique. À travers des formations, des transferts de compétences et des exercices conjoints, la France contribue à la professionnalisation des unités ivoiriennes. L’exercice TOURACO, organisé en novembre 2023 avec plusieurs armées africaines, a permis de simuler des opérations aéroportées complexes. Un an plus tard, en novembre 2024, un second exercice d’envergure s’est déroulé à Bouaké, mobilisant 400 soldats français et ivoiriens pour tester les dispositifs de défense aérienne et valider l’interopérabilité aux standards OTAN.
Mais la Chine gagne du terrain. Des discussions avancées portent sur l’acquisition d’hélicoptères Harbin Z-9 et de trois avions d’entraînement et d’attaque K-8 Karakorum. Un lot supplémentaire d’hélicoptères pourrait suivre, bien que leur nombre reste confidentiel à ce stade.
L’ambition suprême : les Mirage 2000
C’est peut-être la future pièce maîtresse du dispositif. La Côte d’Ivoire envisage l’acquisition de deux à trois avions de combat Mirage 2000 auprès de la France. Si elle se concrétise, cette opération marquerait un tournant majeur, plaçant le pays parmi les rares armées d’Afrique subsaharienne dotées de chasseurs supersoniques.
Une force aérienne tournée vers l’avenir
Ce renforcement accéléré de l’armée de l’Air ivoirienne n’est pas un simple affichage de puissance. Il traduit une vision stratégique claire : bâtir une force capable d’intervenir rapidement, de manière autonome, et de soutenir les opérations de sécurité nationale comme les missions de stabilisation régionales.
Dans un environnement marqué par l’instabilité des alliances et l’expansion des groupes armés, la Côte d’Ivoire s’affirme ainsi comme un pilier de sécurité incontournable en Afrique de l’Ouest.

F. Kouadio – Cap’Ivoire Info
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