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Du mercredi 18 au vendredi 20 juin 2025 à Yamoussoukro,Alors que les chiffres restent préoccupants en matière de santé sexuelle et reproductive en Côte d’Ivoire, une initiative audacieuse a vu le jour à Yamoussoukro pour répondre à cette urgence sanitaire et sociale : le projet TALOUA, mis en œuvre par l’ONG Renaissance Santé Bouaké (RSB) avec l’appui du Fonds National de Lutte contre le Sida (FNLS) et en collaboration avec le District Sanitaire de Yamoussoukro.
Selon ONUSIDA (2023), la prévalence du VIH en Côte d’Ivoire s’élève à 2,6 %, avec une incidence particulièrement élevée chez les jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans. À cette réalité s’ajoute une faible couverture en matière de dépistage, une mauvaise utilisation des préservatifs et une culture du silence entourant les violences basées sur le genre (VBG). D’après les données du LEH (2022), une femme sur trois est victime de VBG, mais peu de cas sont signalés. Dans le District Sanitaire de Yamoussoukro, les obstacles sont encore plus marqués : désinformation, stigmatisation, absence de services adaptés, normes sociales oppressantes.
Un projet pour répondre à l’urgence.
C’est dans ce contexte alarmant qu’est né le projet TALOUA, avec pour ambition de toucher 2 400 adolescentes et jeunes femmes sans activité génératrice de revenu (SAGR) à Yamoussoukro. Objectif : les informer, les protéger, les orienter et leur garantir l’accès aux droits et services en matière de santé sexuelle et reproductive (SSR).
Mais avant d’agir sur le terrain, il fallait bâtir une équipe compétente. C’est ainsi qu’un atelier de formation de trois jours a été organisé par l’antenne de l’ONG RSB de Yamoussoukro, réunissant 10 facilitatrices communautaires et l’équipe du projet. Cette formation stratégique, animée par Mme Toualy Dorothée Osso, Directrice Exécutive de RSB et spécialiste en éducation sexuelle complète, ainsi que Mme Biao Bénédicte épouse Zabouo, point focal VIH du District Sanitaire, marque un tournant majeur dans la lutte contre le VIH/SIDA, les IST et les VBG à l’échelle locale.
Des modules riches pour des actions concrètes.
À travers une pédagogie interactive mêlant brainstorming, présentations, jeux de rôle, travaux de groupe et échanges participatifs, les participantes ont été formées sur des thématiques essentielles telles que :
L’épidémiologie et les traitements du VIH/SIDA ;Le lien entre IST et VIH ;Les méthodes de prévention combinée (préservatifs, PrEP, autotest) ;Les méthodes contraceptives adaptées aux jeunes ;La typologie des violences basées sur le genre et leurs conséquences ;Les mécanismes de signalement (notamment le numéro vert 1308) ;Le rôle des pairs éducateurs dans la prévention communautaire.
Des tests avant et après la formation ont permis de mesurer l’évolution des connaissances, garantissant un véritable renforcement des capacités.
« Cette formation est une arme pour moi. Je me sens désormais capable d’aider mes sœurs à faire les bons choix et à oser parler des choses qu’on nous interdit de dire. », confie une facilitatrice, les yeux brillants de conviction
Vers un changement durable dans les communautés.
À l’issue de cette formation, les facilitatrices seront déployées dans les quartiers et villages pour :
Sensibiliser sur les droits sexuels et reproductifs ;Encourager le dépistage volontaire du VIH et la PrEP ;Briser les tabous autour des violences sexuelles ;Référer les victimes vers les structures de prise en charge appropriée ;Accompagner les jeunes femmes dans leur parcours de santé.
En formant ces actrices de proximité, l’ONG RSB et ses partenaires posent les bases d’un changement profond et durable. La santé sexuelle et reproductive cesse d’être un sujet tabou pour devenir un droit fondamental reconnu et défendu. L’aventure du projet Taloua ne fait que commence. mais déjà, une vague d’espoir souffle sur Yamoussoukro.
DJACK ZOLA