Transition énergétique: la Côte d’Ivoire entre ambitions climatiques et réalités économiques

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Illustration: Enedis

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La Côte d’Ivoire s’est engagée depuis plusieurs années dans un processus de transition énergétique destiné à répondre à une double exigence: satisfaire une demande en électricité en constante augmentation et réduire l’impact environnemental de sa production énergétique. Dans un contexte marqué par une forte croissance démographique et économique, cette transition constitue un enjeu stratégique pour la stabilité et le développement du pays.

Le gouvernement ivoirien affiche une ambition claire: augmenter significativement la part des énergies renouvelables dans le mix électrique national, avec un objectif de plus de 40 % à l’horizon 2030. Cette orientation s’inscrit dans le cadre des engagements climatiques internationaux du pays, mais aussi dans une volonté de renforcer l’indépendance énergétique et de consolider le rôle de la Côte d’Ivoire comme fournisseur régional d’électricité en Afrique de l’Ouest.

L’hydroélectricité reste aujourd’hui l’un des piliers du système énergétique ivoirien. La mise en service du barrage de Soubré, sur le fleuve Sassandra, a permis d’accroître la capacité de production nationale et de limiter le recours aux centrales thermiques. D’autres projets hydroélectriques sont en cours, même si cette source d’énergie demeure dépendante des conditions climatiques et de la disponibilité de la ressource en eau.

En parallèle, le solaire connaît un développement progressif. Longtemps marginale, cette énergie bénéficie désormais d’investissements ciblés, notamment dans le nord du pays, où l’ensoleillement est favorable. Les centrales photovoltaïques mises en service ces dernières années contribuent à renforcer le réseau électrique et à améliorer l’accès à l’électricité dans certaines zones encore insuffisamment couvertes. Toutefois, les défis liés au stockage de l’énergie et à la stabilité du réseau restent importants.

La biomasse représente un autre levier de la transition énergétique ivoirienne. Dans un pays où l’agriculture occupe une place centrale, la valorisation des résidus issus des filières cacao, palmier à huile ou canne à sucre offre un potentiel encore peu exploité. Cette approche pourrait permettre de produire de l’énergie tout en soutenant les économies locales et en réduisant les déchets agricoles.
Sur le plan institutionnel, plusieurs réformes ont été engagées pour structurer le secteur et attirer les investissements privés. Le cadre réglementaire de l’électricité a été renforcé, avec l’appui de partenaires techniques et financiers internationaux. Ces soutiens demeurent essentiels face aux coûts élevés des infrastructures énergétiques.

Malgré les avancées enregistrées, la Côte d’Ivoire continue de s’appuyer sur les centrales thermiques à base de gaz pour garantir la continuité de l’approvisionnement électrique. Par ailleurs, si le taux d’électrification nationale est élevé, l’accès à des solutions énergétiques propres pour les usages domestiques, notamment la cuisson, reste un défi majeur.

La transition énergétique ivoirienne apparaît ainsi comme un chantier de long terme, marqué par des progrès réels mais aussi par des contraintes structurelles. Entre ambitions environnementales, impératifs économiques et enjeux sociaux, le pays avance par étapes vers un modèle énergétique plus durable, adapté à ses réalités et à ses besoins futurs.

F. Kouadio
Cap’Ivoire Info / @CapIvoire_Info

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