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Située sur l’axe bitumé Gagnoa-Sinfra, la commune de Ouragahio se présente comme un véritable carrefour de cultures et de potentialités agricoles en Côte d’Ivoire. Peuplée majoritairement de Bétés, ce terroir est également le foyer d’une mosaïque ethnique : Malinkés (Dioulas), Baoulés, Gouros, Burkinabés, Maliens et Guinéens vivent ici en frères, unis par le travail de la terre et le commerce.
Une terre d’accueil et de partage
Si les Bétés occupent tous les villages de la sous-préfecture, les autres communautés sont surtout implantées dans la ville même, animant ses marchés, ses garages, ses maquis et ses petits commerces. À Ouragahio, l’hospitalité n’est pas un vain mot : « Certains allochtones possèdent même de plus grandes plantations que les autochtones, parfois acquises contre une simple bouteille de gin ! » confie, amusé, un ancien du village.
Une économie agricole, moteur vital
Le secteur primaire reste la force dominante : cacao, café, hévéa, riz, vivriers… Autant de produits qui nourrissent les familles et font vivre les coopératives tournées vers l’exportation. Pourtant, le secteur secondaire est presque inexistant : seule une savonnerie attend encore de démarrer ses activités. La scierie, jadis poumon économique, a fermé ses portes après la crise politico-militaire.
Quant au secteur tertiaire, il repose essentiellement sur un commerce de détail animé par les Dioulas et les ressortissants de la CEDEAO. Hôtels, gares routières, stations-service, pharmacies et quelques ONG comme l’UFDCEM complètent ce tissu de services encore fragile.
Des infrastructures à la peine
Ouragahio n’est reliée au reste du pays que par la route. Si la voie bitumée reste praticable, les pistes reliant certains villages, comme Siegouekou et Broudoume, sont en piteux état. L’accès aux services de base est mitigé :
Éducation : deux lycées publics, six collèges privés, mais des écoles primaires souvent vétustes, sans tables-bancs ni latrines.
Santé : un centre urbain, sept dispensaires villageois, mais un cruel manque de matériel, de médicaments et de services spécialisés comme la dentisterie ou l’ophtalmologie.
Eau et électricité : malgré une bonne couverture, certaines zones souffrent encore de branchements anarchiques, de baisses de tension et d’accès limité à l’eau potable, notamment à Broudoume.
Des richesses naturelles à préserver
Ouragahio peut s’enorgueillir de sa forêt dense, de ses sols fertiles et de sa faune variée. Mais l’exploitation intensive du bois et l’agriculture extensive entraînent déjà une dégradation de la flore, l’appauvrissement des sols et la disparition de certaines espèces animales.
Quel avenir pour Ouragahio ?
Pour de nombreux habitants, le développement passe par la transformation locale des produits agricoles : « Une usine de cacao, par exemple, créerait des emplois pour nos jeunes et nous permettrait de mieux valoriser nos récoltes », plaide un producteur.
En parallèle, la modernisation des infrastructures éducatives et sanitaires, l’amélioration de l’adduction d’eau et de l’éclairage public, et la promotion des activités économiques formelles sont indispensables pour offrir aux populations un meilleur cadre de vie.
L’espoir d’une synergie nouvelle
Ouragahio a tout pour réussir : une population laborieuse, une terre généreuse, une position stratégique. Reste à unir énergies publiques, privées et citoyennes pour transformer ces atouts en opportunités concrètes.
DJACK ZOLA