Mali: le blocus du JNIM plonge Bamako dans la crise, Goïta acculé face à l’effondrement sécuritaire

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Depuis septembre 2025, le Mali vit au rythme d’un blocus sans précédent imposé par le Jama’at Nusrat al-Islam wal-Muslimin (JNIM), affilié à Al-Qaïda. En coupant l’approvisionnement en carburant, les jihadistes ont paralysé le pays, frappant au cœur une économie déjà exsangue. Bamako manque d’essence, les bus sont à l’arrêt, et l’armée malienne recule sur plusieurs fronts.

Ce blocus n’est pas un hasard: il s’inscrit dans une stratégie de guerre prolongée, inspirée des modèles révolutionnaires. Le JNIM, implanté depuis des années dans les zones rurales du centre et du nord, combine guérilla, contrôle social et pression économique. Dans de nombreuses localités, il remplace l’État: collecte de taxes, arbitrage des litiges, sécurité. Une gouvernance de substitution qui mine la légitimité du régime.
Face à cette montée en puissance, les Forces armées maliennes (FAMa) et leurs alliés russes peinent à reprendre l’initiative. Les attaques se multiplient: postes militaires détruits, convois piégés, axes routiers coupés. D’après Reuters, plus de 1 500 morts ont été recensés depuis janvier 2025. Le blocus sur le carburant, qui dure depuis deux mois, accentue encore la fragilité de l’État.

Assimi Goïta, lui, s’enferme dans l’isolement. Purges internes, arrestations de journalistes, rupture avec la CEDEAO: le Mali se replie sur lui-même. L’alliance avec la Russie, vantée comme salvatrice, se révèle surtout symbolique. Moscou a promis 118 000 litres de carburant par mois, soit une goutte d’eau face aux besoins de la capitale. L’Africa Corps russe, censé inverser la tendance, multiplie les revers face au JNIM.

La situation actuelle marque un tournant: pour la première fois, Bamako elle-même ressent le poids de la guerre. Le JNIM, sans avoir pris la capitale, contrôle déjà le tempo. Si rien ne change, la « phase finale » de cette guerre prolongée, la conquête du pouvoir, pourrait ne plus être une hypothèse.
La crise malienne annonce-t-elle l’échec du modèle AES ? Entre Niger, Burkina et Mali, la rhétorique anti-occidentale se heurte à la même réalité: l’insécurité gagne du terrain.

F. Kouadio
Cap’Ivoire Info / @CapIvoire_Info

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