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Le président de la transition malienne, le général Assimi Goïta, fait face à une période délicate. Alors que le pays continue de subir les attaques de groupes armés, plusieurs hauts responsables militaires ont été limogés ou arrêtés ces dernières semaines. Une série de décisions qui traduisent, selon de nombreux observateurs, les tensions croissantes au sein de l’armée et un isolement progressif du chef de la junte.
Des limogeages en chaîne dans l’armée
Début octobre, le gouvernement de transition a annoncé la mise à l’écart de plusieurs officiers, dont deux généraux, accusés d’avoir participé à un complot contre l’État. Ces mesures s’ajoutent à d’autres arrestations survenues en août, qui avaient déjà concerné des proches du ministre de la Défense, Sadio Camara.
Selon plusieurs médias, notamment AfricaNews et Financial Afrik, cette vague de limogeages illustre la méfiance croissante d’Assimi Goïta envers certains cadres de l’armée. Longtemps allié du général-président, Sadio Camara est désormais perçu comme un rival potentiel. Les réaménagements opérés ces dernières semaines au sein de l’état-major marquent un tournant dans la gestion du pouvoir à Bamako.
Une méfiance grandissante à Koulouba
Depuis le dialogue national d’avril 2025, qui avait recommandé de prolonger son mandat de cinq ans, Assimi Goïta gouverne dans un climat de plus en plus tendu. Si ce prolongement devait garantir la stabilité du pays, il semble avoir surtout renforcé l’autoritarisme du régime.
La dissolution des partis politiques, la fermeture de plusieurs médias et la multiplication des arrestations ont créé un climat de peur. Selon le site américain Responsible Statecraft, Goïta redoute aujourd’hui les officiers influents, capables de fédérer des soutiens au sein des casernes. Cette crainte expliquerait la série de purges et de mutations observées depuis la fin de l’été.
Un pays toujours sous la menace jihadiste
Sur le terrain, la situation sécuritaire reste préoccupante. D’après Africa Intelligence et le Washington Post, les groupes armés affiliés à Al-Qaïda contrôlent désormais plusieurs zones dans le centre et le nord du pays. Des routes stratégiques sont régulièrement bloquées, isolant certaines régions et aggravant la crise humanitaire.
Malgré les efforts de l’armée et l’appui des mercenaires russes, les revers se multiplient. Les pertes militaires, combinées à la défiance interne, pèsent lourdement sur le moral des troupes. Les experts estiment que ces tensions internes affaiblissent la capacité du régime à coordonner la réponse sécuritaire.
Un pouvoir de plus en plus solitaire
Les limogeages en série et les rivalités internes donnent l’image d’un pouvoir fort en apparence, mais fragilisé en profondeur. Assimi Goïta concentre désormais tous les leviers de décision, mais son cercle de confiance s’est rétréci. Le retrait du Mali de la CEDEAO, la rupture avec plusieurs partenaires régionaux et les difficultés économiques renforcent encore son isolement.
À Bamako, certains observateurs parlent d’un chef d’État « retranché dans son palais », méfiant envers ses alliés comme envers ses adversaires. Une posture qui pourrait, à terme, compromettre la stabilité du régime lui-même.
Et maintenant ?
L’histoire récente du Sahel montre que les régimes militaires finissent souvent par être rattrapés par leurs propres divisions. Le cas du Mali n’échappe pas à cette logique.
Si Assimi Goïta garde encore la main sur l’appareil d’État, son pouvoir semble plus fragile que jamais. Les purges au sein de l’armée, loin de consolider son autorité, risquent d’accentuer l’isolement d’un dirigeant désormais seul face à la crise sécuritaire et politique qui secoue son pays.
F. Kouadio
Cap’Ivoire Info / @CapIvoire_Info














