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Face à un déficit structurel estimé à plus de 800 000 logements et à un accès encore très limité au crédit hypothécaire, la Côte d’Ivoire explore de nouvelles pistes pour faciliter l’accès à la propriété. Le mercredi 10 décembre 2025, au Sofitel Abidjan Hôtel Ivoire, une initiative ambitieuse dédiée à la relance de la location-vente a été officiellement présentée. C’était en présence du ministre de la Construction, du Logement et de l’Urbanisme, Bruno Nabagné Koné, et du ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Amadou Coulibaly.
Inscrit dans la dynamique des réformes engagées par l’État pour moderniser le secteur immobilier, cet outil innovant veut répondre à un enjeu central : offrir une solution crédible et inclusive aux ménages exclus du système bancaire classique, notamment ceux du secteur informel.
Au cœur du dispositif se trouve une plateforme digitale conçue pour sécuriser les transactions immobilières, faciliter la gestion des loyers et instaurer un système de scoring permettant d’évaluer la solvabilité et la fiabilité des locataires. Une innovation qui ambitionne de bâtir, progressivement, l’historique financier des ménages et de leur ouvrir les portes de la location-vente et du crédit.
L’initiative Tylimmo repose sur une plateforme numérique pensée pour fluidifier la gestion des loyers, sécuriser les transactions immobilières et introduire un système de scoring permettant d’évaluer la fiabilité des locataires, y compris ceux issus du secteur informel.
Pour Steven Bedi, Pdg de la structure porteuse du projet, le constat est sans appel : « Dans de nombreux foyers, le loyer absorbe jusqu’à 50 % des revenus, rendant impossible toute capacité d’épargne ». Selon lui, l’outil permet non seulement de sécuriser les bailleurs, mais aussi d’offrir aux locataires une trajectoire structurée vers la propriété. « Libérer un ménage du paiement d’un loyer, c’est presque doubler son pouvoir d’achat dans un contexte de cherté de la vie », a-t-il expliqué. L’objectif affiché est d’accompagner 100 000 ménages à l’horizon 2035, dont une majorité issue du secteur informel.
Le ministre Bruno Nabagné Koné a salué une initiative en phase avec les orientations stratégiques de l’État, notamment la modernisation du cadre foncier, la sécurisation juridique et la création de mécanismes de garantie. « Ce lancement démontre que lorsque l’État crée un environnement favorable. Les initiatives privées peuvent démultiplier l’impact social des politiques publiques », a-t-il affirmé, appelant banques, promoteurs et institutions financières à s’approprier pleinement cet outil.
Lors du panel consacré à la location-vente en Afrique, les intervenants ont souligné les conditions clés de réussite du modèle. Stanislas Zézé, Pdg de Bloomfield Investment, a insisté sur la nécessité de solutions adaptées aux réalités locales, en particulier celles du secteur informel. De son côté, Loïc Wafo, directeur général de Saar Assurances, a mis en avant l’importance de l’assurance loyers impayés pour rassurer les investisseurs. Quant à Massou Boua, Pdg de Joseph Titrisation, il a rappelé un principe fondamental : « Sans mécanisme de refinancement, notamment la titrisation, la location-vente ne peut se développer durablement ».
À travers cette initiative, la Côte d’Ivoire esquisse une nouvelle approche du logement, fondée sur le numérique, l’innovation financière et la coopération public-privé. Si le modèle tient ses promesses, il pourrait marquer un tournant décisif dans la démocratisation de l’accès à la propriété et redessiner, durablement, l’écosystème immobilier national.
Patrick N’Guessan
Fratmat.info



















