Les ex-combattants Forces nouvelles bloquent le fonctionnement de la mine d’or de Tongon

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Industrie minière – Les ex-combattants Forces nouvelles bloquent le fonctionnement de la mine d’or de Tongon, l’Etat face à ses responsabilités

Depuis le 13 juillet dernier, un arrêt de travail est observé à la mine d’or de Tongon du groupe Randgold resources Limited, dans le nord de la Côte d’Ivoire. Le docteur Mark Bristow, directeur exécutif de la société sud-africaine cotée à la bourse de Londres, a déploré cette situation le lundi 30 juillet 2018, à l’hôtel Ivoire, appelant le gouvernement ivoirien, fortement imprégné de la situation qui prévaut, de prendre ses responsabilités pour faire appliquer la loi sur le travail et permettre à la mine de redémarrer au plus tôt ses activités. « Nous sommes engagés à travailler avec le gouvernement, les autorités locales et tous ceux qui veulent tous ceux qui veulent toujours faire partie de la grande famille des travailleurs de Tongon pour que cette mine soit à nouveau opérationnelle », a martelé le directeur exécutif.

Il apprécie l’implication du gouvernement qui a pris des mesures pour sécuriser le matériel et les ressources et s’emploie à trouver une solution à la crise. « On ne peut pas sortir de cette situation sans l’aide du gouvernement. Il y a une loi, et chacun a des droits », interpelle Mark Bristow, qui met ainsi l’Etat ivoirien face à ses responsabilités. Il appelle à faire respecter l’accord tripartite signé en avril, faisant remarquer que dans sa grille salariale, Randgold resources va au-delà des dispositions de la loi dans toutes ses composantes.

Des actes de sabotage et des menaces de mort

La situation est préoccupante car depuis le début de l’année 2018, la mine connait ces dernières années des problèmes sociaux intermittents qui ont des incidences graves sur ses activités. Pis, les travailleurs grévistes, qui refusent les termes d’un protocole d’accord signé en avril dernier par la société et les travailleurs, sous la médiation du gouvernement, s’adonnent à des actes de sabotage et à des menaces de mort contre les membres de la direction de la mine. Rejetant cet accord signé par les syndicats des travailleurs, et qui mettait fin à un premier arrêt de travail observé à la fin du premier trimestre 2018, les fauteurs de trouble, identifiés comme étant des ex-combattants des forces nouvelles, ont formulé des nouvelles demandes en dehors de l’accord existant et du droit du travail ivoirien.

Ces hommes qui constituent 30% des effectifs de la mine estimé à 1700 ont intégré la mine, après avoir été formés à hauts frais par la société, précise Mark Bristow, dans le cadre de la mise en œuvre du programme de réinsertion des ex-combattants. N’ayant aucun intérêt dans la région, ils n’hésitent pas aujourd’hui à menacer les autres travailleurs qu’ils empêchent de se rendre à la mine et à poser des actes de sabotage qui causent de graves préjudices à l’entreprise.

Des pertes mais aussi des risques environnementaux énormes…

Alors que le premier arrêt de travail a causé des pertes estimées à 11 millions de dollars, la mine s’en remettait peu à peu et était en voie d’atteindre ses objectifs de production révisés quand elle a été à nouveau freinée dans son élan. « Nous devrons maintenant revoir et examiner ces prévisions à la lumière de l’arrêt de travail et du temps qu’il faudra pour remettre les opérations en production », soutient Mark Bristow qui ne désespère pas mais appelle à la fermeté pour ne pas laisser s’installer l’anarchie et l’impunité.

Par ailleurs, Randgold resources fait remarquer que cette situation pose des risques environnementaux et d’inondation. L’arrêt de travail a pour conséquence en effet un accès limité des ingénieurs, qui craignent pour leur vie, aux installations clés. Le pompage des deux fosses à ciel ouvert a cessé et l’installation de stockage des résidus et les installations de contrôle de l’environnement risquent d’être inondées. Les agences environnementales de l’Etat et les ministères responsables ont été informés des risques croissants, et de la situation compliquée qui prévaut du fait de la saison des pluies.

Emmanuel Akani

Minutes Eco

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