Les activistes en Afrique à l’ère de la désinformation

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Les activistes en Afrique, entre défenseurs légaux et instigateurs de corruption et de discours haineux à l’ère de la désinformation

L’Afrique, théâtre d’un activisme vibrant, riche de sa diversité culturelle et politique, est souvent le cadre de malentendus et de controverses autour du terme “activiste”. Ce mot, pourtant noble, est parfois associé à des comportements illégaux ou nuisibles dans les médias. Une distinction s’impose donc : d’une part, les activistes qui œuvrent légalement pour des causes justes et légitimes ; d’autre part, ceux qui, sous couvert d’engagement, alimentent la corruption, les discours haineux et la désinformation.

L’Afrique, berceau d’un activisme dynamique, pilier de la démocratie et du progrès social

Défenseurs des droits humains et de l’environnement, les activistes luttent contre les injustices sociales. Fervents promoteurs de la justice et de la transparence, ces acteurs tentent de faire régner l’ordre, souvent au péril de leur liberté. Certains d’entre eux au Sénégal dénoncent des arrestations inhumaines ; Binta Gueye « arrêté après avoir publié deux messages sur Facebook concernant le report de l’élection présidentielle de 2024 ». Sans compter toutes les disparitions de journalistes sur le continent depuis le musellement de la liberté de la presse dans certains pays notamment de l’AES.
Les dérives de l’activisme : entre corruption et discours haineux, multiplications des arrestations
D’autres, pseudo-activistes profitent des conflits actuels pour inciter aux discours haineux, incitant à la violence et à la prolifération des fake news sur le continent. Participant activement à la désinformation des puissances étrangères en Afrique.
Présents sur les réseaux sociaux en majeure partie, ils sont les nouveaux acteurs de la désinformation en Afrique. Il faut se rappeler de la campagne de désinformation en novembre 2024 en Côte d’Ivoire. Menée par des activistes pro-juntes sahéliennes, cette campagne visait à propager des fausses informations accusant la diaspora libanaise de corruption et de racisme ; augmenter les tensions et polariser l’opinion publique à l’approche des élections présidentielles.
https://www.linfodrome.com/societe/103074-les-libanais-de-cote-d-ivoire-cibles-par-une-campagne-de-fake-news-qui-se-cache-derriere
La désinformation : l’arme des activistes dévoyés
Ils utilisent la désinformation en diffusant de fausses informations, en manipulant l’opinion publique, en attisant les tensions ethniques et en sapant les fondements démocratiques. L’objectif, désinformer, semer le doute et la discorde entre les pays.
Cette stratégie vise à affaiblir les institutions en créant un climat de méfiance généralisée, souvent dans le but de légitimer des régimes autoritaires ou de justifier des interventions étrangères. Ils exploitent les réseaux sociaux pour amplifier leurs messages, utilisant des comptes anonymes ou des influenceurs pour donner plus de crédibilité à leurs propos.

Les risques accrus avec l’essor des nouvelles technologies
L’avènement des technologies numériques et des réseaux sociaux a amplifié la portée de la désinformation. Les contenus générés par l’intelligence artificielle compliquent davantage la lutte contre les fake news, rendant la vérification des informations plus ardue. De plus, des acteurs étrangers, tels que le groupe Wagner en Centrafrique, utilisent des trolls pour diffuser des messages favorables à leurs intérêts, manipulant ainsi l’opinion publique locale.
La fake news fait le buzz, tandis que sa vérité est à peine regardée. C’est tout le paradoxe de la désinformation sur les réseaux sociaux : les fake news captent l’attention par leur caractère sensationnel, émotionnel ou choquant, alors que la vérité, souvent plus nuancée et moins spectaculaire, passe inaperçue.
Les algorithmes des réseaux sociaux favorisent les contenus qui génèrent de l’engagement (likes, partages, commentaires), et malheureusement, les fake news en sont souvent les champions. Une fausse information bien formulée peut se propager comme une traînée de poudre, tandis que le démenti ou la vérification des faits arrive trop tard et reste sous le radar, au grand bonheur de ces activistes. Et ce problème s’accentue avec la montée en puissance de l’intelligence artificielle.
Il est crucial de promouvoir l’éducation aux médias et de renforcer la vérification des faits pour que la vérité puisse rivaliser avec la viralité des mensonges. Seule une vigilance accrue permettra de préserver la cohésion sociale et de protéger les sociétés africaines contre les dérives de l’activisme dévoyé.

F. Kouadio – Cap’Ivoire Info
@CapIvoire_Info / X

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