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Alors que les tensions entre Israël et l’Iran se renforcent depuis l’attaque du 7 octobre 2023 et les représailles militaires qui s’en sont suivies, la question se pose : ce conflit peut-il avoir un impact sur l’Afrique, et en particulier sur la Côte d’Ivoire ?
À première vue, il s’agit d’un affrontement à distance entre deux puissances du Moyen-Orient, mais ses répercussions diplomatiques, économiques et sécuritaires pourraient ne pas épargner le continent africain, directement ou indirectement.
Des relations entre Israël et l’Afrique fragiles mais actives
Historiquement, les relations entre Israël et l’Afrique ont connu des hauts et des bas. Si une grande majorité des États africains ont rompu leurs relations diplomatiques avec Israël après la guerre du Kippour en 1973, le retour de Benyamin Netanyahou au pouvoir en 2009 a relancé une politique de reconquête diplomatique.
Aujourd’hui, plus de 40 pays africains, dont la Côte d’Ivoire, entretiennent des relations officielles avec Israël. Toutefois, ces relations sont généralement plus politiques que stratégiques. Seuls quelques pays, comme le Maroc, ont engagé une coopération militaire et industrielle réelle (notamment sur la production de drones).
Depuis les événements de 2024, plusieurs États africains traditionnellement proches d’Israël — dont la Côte d’Ivoire, le Cameroun, le Togo et le Rwanda — ont adopté une posture plus prudente.
L’Iran, une présence discrète mais pas inexistante
L’influence de l’Iran en Afrique reste limitée. Téhéran dispose de peu d’ambassades sur le continent et sa diplomatie africaine est peu structurée.
Un fait notable récent : l’ouverture d’une ambassade du Niger à Téhéran, après le coup d’État de 2023. Ce rapprochement s’inscrirait dans des négociations discrètes autour de l’exportation d’uranium et de transferts d’armement (drones, missiles sol-air).
Par ailleurs, l’Iran continue de soutenir des mouvements chiites dans certains pays comme le Nigeria, mais sans y exercer une influence géopolitique notable.
Et la Côte d’Ivoire dans tout ça ?
La Côte d’Ivoire, partenaire stable d’Israël et allié stratégique de l’Occident en Afrique de l’Ouest, n’est pas directement concernée par le conflit. Toutefois :
Un soutien diplomatique à Israël pourrait lui valoir des critiques de pays du Sud global ou d’alliés non-alignés.
Une neutralité active, comme celle récemment adoptée, permet de préserver ses partenariats sans prendre parti ouvertement.
En cas d’aggravation du conflit, les pays du Sahel membres de l’AES, plus proches de l’Iran ou de ses alliés (notamment la Russie), pourraient exploiter ce contexte pour affirmer leur rupture avec l’ordre occidental, accentuant les tensions idéologiques dans la région.
Risques économiques et énergétiques limités
Les craintes liées au pétrole sont à relativiser. Une guerre ouverte entre Israël et l’Iran pourrait entraîner une hausse modérée et temporaire du prix du baril, mais les experts estiment que l’impact sur l’Afrique serait faible, en raison :
– d’un marché mondial bien approvisionné,
– du faible poids actuel des exportations iraniennes sous sanctions,
– et de la structure des importations africaines.
Côté commerce, les routes maritimes passant par la mer Rouge ou le Golfe arabo-persique pourraient être affectées. Cela concernerait surtout les pays d’Afrique de l’Est (Kenya, Tanzanie, Mozambique), dépendants des importations asiatiques.
Que faut-il en conclure ?
Pas de conséquences directes majeures pour l’Afrique, ni pour la Côte d’Ivoire à ce stade.
Les impacts économiques ou énergétiques restent modérés et globaux.
Les réactions africaines resteront limitées à des postures diplomatiques.
Mais certains États isolés, en rupture avec les alliances classiques (comme le Mali, le Burkina Faso ou le Niger), pourraient exploiter ce conflit pour se rapprocher symboliquement de l’Iran, ou renforcer leurs alliances avec d’autres puissances rivales de l’Occident, comme la Russie ou la Chine.
La Côte d’Ivoire, quant à elle, semble continuer à privilégier la prudence diplomatique et la stabilité, dans un contexte géopolitique international de plus en plus incertain.
F. Kouadio
Cap’Ivoire Info / @CapIvoire_Info