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En 2019, la mine d’or de Ndassima en Centrafrique passe sous le contrôle d’une entreprise liée au groupe Wagner. Depuis, une autre mine attire l’attention : celle d’Idéré, dans l’ouest du pays, près de la frontière camerounaise.
Le groupe d’investigation All Eyes on Wagner a publié une série d’images satellitaires prises entre décembre 2023 et février 2025. Celles-ci montrent une intensification rapide et structurée des opérations : excavateurs, miradors, routes aménagées, installations paramilitaires. Loin d’une exploitation artisanale, il s’agit d’une exploitation à grande échelle, similaire à celles observées en République démocratique du Congo.
Un permis d’exploitation a été accordé en janvier 2024 à une entreprise nommée Heavy Industrial, enregistrée seulement deux mois plus tôt. Cette société a signé un partenariat de 25 ans avec l’État centrafricain et bénéficie d’un régime fiscal très favorable, grâce à un mémorandum bilatéral signé le 24 janvier.
Heavy Industrial est dirigée officiellement par une femme d’affaires centrafricaine, qui serait également à la tête d’une autre société, General Resources. Les enquêteurs soupçonnent un montage de façade destiné à masquer les véritables bénéficiaires. Les deux entreprises fonctionnent comme des sociétés écrans, facilitant l’exploitation des ressources par des intérêts russes proches de Wagner.
En RDC, une entreprise du même nom, Heavy Industrial, également contrôlée par des Russes, aurait exporté pour près de 1,5 million de dollars d’or vers les Émirats Arabes Unis depuis 2022. La récurrence des méthodes et des structures suggère une stratégie régionale coordonnée.
Ces opérations soulèvent des questions essentielles : où va l’or extrait ? Qui en profite réellement ? Quels bénéfices pour l’État centrafricain ?
Au-delà des intérêts économiques, cette dynamique révèle une volonté d’ancrage durable de l’influence russe en Afrique centrale, par le biais de sociétés opaques, de contrats asymétriques et de réseaux miniers militarisés. La mine d’Idéré n’est pas un cas isolé. Elle est un maillon d’une stratégie plus large qui affaiblit les institutions locales et menace la souveraineté économique des États concernés.
F. Kouadio – Cap’Ivoire Info
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