[ Publié / Modifié il y a
Communiqué de la Police: Une tentative maladroite de dédouanement
La Direction Générale de la Police Nationale a publié un communiqué ce 14 octobre 2025, annonçant le décès d’un jeune homme de 22 ans, Allouan Ernest Christophe, mort à la suite d’une blessure par balle reçue à Bonoua, dans le quartier Bégneri. Selon la version officielle, la victime aurait été touchée « par un projectile tiré par des individus non identifiés à bord d’un véhicule 4×4 ». Une enquête aurait été ouverte, et la police appelle les populations « au calme et à la collaboration ».
Mais à y regarder de près, ce communiqué est une nouvelle manifestation de duplicité et de dérobade de la Police Nationale. Car enfin, qui d’autre, sinon les Forces de Défense et de Sécurité (FDS), étaient présentes à Bonoua pour réprimer les manifestations ?
Quels sont ces mystérieux tireurs inconnus qui, comme par hasard, surgissent à chaque fois qu’un citoyen tombe sous les balles lors des mouvements de contestation ?
Et surtout, dans quel contexte Allouan Ernest Christophe a-t-il été blessé ? Le communiqué se garde bien de le préciser. Jouait-il au ballon ? Était-il chez lui ? Était-il dans la rue avec les manifestants ? Ou simplement un passant ? Les circonstances exactes dans lesquelles le jeune a reçu la balle ne sont pas indiquées. Ce silence sur les faits précis n’est pas anodin : il entretient le doute et permet à la police d’échapper à toute responsabilité directe.
Puis, pourquoi la Direction Générale de la Police appelle-t-elle au calme ? De quel calme parle-t-elle ? D’un calme imposé par les chars et les matraques ? Ce ton paternaliste cache mal la réalité : la population de Bonoua ne s’agite pas sans raison. Elle réclame justice, liberté, et la fin des violences policières.
Depuis plusieurs jours, les habitants manifestent contre la répression et les arrestations arbitraires. Leur cri est celui d’un peuple épuisé par l’injustice.
Et puis, soyons logiques : Si réellement une force armée circulait à Bonoua, pourquoi aurait-elle choisi de tirer sur les manifestants ? Si une prétendue force parallèle existait, elle aurait forcément un camp, une mission, une cible. Et dans le contexte actuel, sa cible naturelle aurait été la police nationale elle-même, symbole visible du pouvoir répressif. Pourquoi tirer sur des civils désarmés plutôt que sur les forces de l’ordre ? Cela ne tient pas debout. Cette fable policière laborieusement construite défie le bon sens et ne résiste à aucune analyse.
D’ailleurs, une question essentielle demeure : Comment la police nationale a-t-elle réagi face à ce véhicule 4×4 supposé inconnu ?
Le communiqué ne dit absolument rien sur une éventuelle poursuite, interpellation ou même tentative d’interception du véhicule.
Aucune description, aucun détail, aucun témoin cité. Rien. C’est le silence total. Ce flou volontaire fait du communiqué un document suspect, qui soulève plus de questions qu’il n’apporte de réponses.
Pendant ce temps, Bonoua reste sous occupation policière et militaire. Les chars de la police et de la gendarmerie continuent de sillonner les rues, intimidant les habitants.
Comment croire à l’histoire d’un mystérieuse force, alors que la ville est littéralement quadrillée par les forces de l’ordre ?
La vérité, c’est que la Police cherche à se décharger de ses responsabilités dans une bavure manifeste. Bonoua était encerclée par des unités de la police et de la gendarmerie, chargées d’étouffer la colère populaire. Les habitants ont tous vu les véhicules des forces de l’ordre patrouiller, tirer des gaz et même des balles réelles pour disperser les manifestants. Aucune force fantôme ne pouvait être sur les lieux.
En refusant d’assumer, la Police Nationale piétine la mémoire du jeune Allouan Ernest Christophe, tombé pour ses droits. Ce communiqué n’est pas un acte de transparence, mais une opération de communication contre la vérité, destinée à protéger un système qui tue, puis maquille ses crimes.
À Bonoua, la population sait ce qu’elle a vu.
Elle sait qui a tiré, qui a ordonné, et qui maintenant tente de cacher la vérité. Tant que la police continuera de couvrir ses propres fautes au lieu de se réformer, elle perdra chaque jour un peu plus le peu de confiance que le peuple lui accordait encore. À Bonoua, la Police Nationale ne protège plus : elle réprime. Et aujourd’hui encore, elle maquille la vérité.
GILLES CHRIST DJÉDJÉ
Source: PPA-CI-Relais