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La Côte d’Ivoire consolide sa place de leader africain dans la transformation agroalimentaire, portée par deux filières stratégiques: le cacao et la noix de cajou. Alors que l’agriculture contribue à près d’un quart du PIB et environ 60 % des recettes d’exportation (Trade.gov, 2024), l’enjeu aujourd’hui n’est plus seulement de produire, mais de transformer localement pour capter davantage de valeur ajoutée.
La filière cajou incarne le mieux cette mutation. En moins de dix ans, la capacité nationale de transformation est passée d’à peine 68 000 tonnes en 2015 à 350 000 tonnes en 2024 (Banque mondiale, 2025). Cette croissance a permis la création de plus de 18 000 emplois, dont près de 66 % occupés par des femmes. Grâce à cette montée en capacité, les exportations d’amandes ont bondi de 52 % en 2024 pour atteindre 72 000 tonnes (Ecofin, 2024). Le pays vise désormais un taux de transformation de 50 % d’ici 2030, soutenu par de nouvelles unités industrielles et des zones agro-industrielles en expansion.
Le cacao, malgré une place historique dans l’économie ivoirienne, progresse plus lentement. La majorité des fèves continue d’être exportée brutes, même si des capacités industrielles existent. Le secteur fait aujourd’hui face à de nouveaux impératifs environnementaux, notamment en ce qui concerne la traçabilité et la lutte contre la déforestation, conditions désormais essentielles pour accéder aux marchés internationaux (Le Monde, 2025). Si une partie des coopératives s’y adapte déjà, l’intégration complète du dispositif reste un défi.
Ces deux filières partagent cependant une dynamique commune: la nécessité de transformer davantage sur place pour diversifier l’économie, créer des emplois et réduire la dépendance aux cours internationaux. Selon les analyses du Trésor français (2024), le manque de transformation locale dans le cacao prive encore le pays d’une valeur ajoutée significative, alors que le potentiel industriel reste important.
La Côte d’Ivoire n’est plus seulement un géant agricole: elle devient progressivement une plateforme agro-industrielle régionale. Mais pour que cette transformation soit durable, la montée en gamme devra s’accompagner d’investissements continus, d’une meilleure structuration des producteurs et d’une conformité stricte aux normes internationales.
F. Kouadio
Cap’Ivoire Info / @CapIvoire_Info











