Cinéma ivoirien: histoire, renaissance et ambitions d’Abidjan pour devenir un hub africain

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Le cinéma ivoirien traverse une mutation profonde, entre héritage oublié et renaissance numérique. Officiellement structuré en 1961 avec la création de la Société Ivoirienne de Cinéma (SIC), il s’est d’abord affirmé grâce à des pionniers comme Timité Bassori, auteur en 1964 de Sur la dune de la solitude, considéré comme le premier long-métrage national. Durant trois décennies, Abidjan comptait plusieurs dizaines de salles, jusqu’à environ 40 pour la seule capitale économique et près de 100 dans tout le pays . Mais les années 1990–2000 ont marqué un déclin brutal: fermetures en chaîne, obsolescence technique et concurrence de la télévision puis du streaming (Afrique Contemporaine, 2017).
Depuis 2004, un tournant s’opère grâce au numérique. La production se diversifie, les genres s’élargissent et l’animation émerge avec Pokou, princesse ashanti (2013), premier long métrage 3D ivoirien.Studios, collectifs et jeunes créateurs s’organisent, profitant d’outils plus accessibles et d’un public avide de récits locaux. Le ministère de la Culture note une nette accélération : une trentaine de films et séries tournés dans le pays l’an dernier, et plus de quarante projets validés pour l’année en cours .

Abidjan nourrit désormais une ambition continentale: devenir un centre majeur de la création audiovisuelle africaine. Des productions panafricaines et internationales y affluent, attirées par la diversité des décors et une main-d’œuvre jeune et talentueuse. La volonté politique s’affirme également: formations renforcées, soutien progressif et structuration de la filière. Plusieurs chercheurs soulignent même le potentiel culturel, social et économique du cinéma comme moteur de développement .

Pourtant, les défis restent nombreux: manque de salles modernes, financement insuffisant, faiblesse de la critique cinématographique et absence d’écosystème industriel complet. Le renouveau actuel repose donc sur un équilibre fragile, porté par la créativité et la résilience plutôt que par des investissements massifs.
Mais une évidence s’impose: la Côte d’Ivoire revient sur la carte du cinéma africain. L’énergie de sa jeunesse, la renaissance des tournages et la volonté d’Abidjan de s’ériger en hub régional redessinent les contours d’un secteur longtemps sinistré. Si les efforts se poursuivent, le pays a les atouts pour devenir l’un des pôles majeurs de la création audiovisuelle en Afrique de l’Ouest.

F. Kouadio
Cap’Ivoire Info / @CapIvoire_Info

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