Cameroun: l’économie du pays à l’arrêt et tensions depuis l’annonce des résultats

573
Des forces de sécurité patrouillent dans les quartiers de Douala, tandis que l'opposition conteste la victoire du président Paul Biya, annoncée par le Conseil constitutionnel, au Cameroun, le 28 octobre 2025. © Zohra Bensemra / Reuters

[ Publié / Modifié il y a

Au Cameroun, en raison des violences post-électorales, les milieux économiques commencent à s’inquiéter. L’économie est quasiment à l’arrêt, la grande majorité des entreprises sont fermées depuis lundi 27 octobre et très peu de transports circulent. Une situation incertaine qui ne plaît pas aux chefs d’entreprises. Les Nations unies, l’Union européenne et des ONG comme Human Rights Watch et International Crisis Group ont formulé des appels à la retenue, à la libération des personnes arrêtées et un appel au dialogue pour éviter une aggravation de la situation en cours.

Depuis la proclamation lundi 27 octobre par le Conseil constitutionnel de la réélection de Paul Biya pour un huitième mandat, des manifestations de colère dans plusieurs villes ont débouché sur des violences, des dégradations de bâtiments publics ou biens privés et de nombreux jeunes ont été arrêtés, sans qu’aucun bilan encore n’ait pu être confirmé.

Mardi 28 octobre, le ministre de l’Administration territoriale a évoqué de nombreux morts parmi les manifestants qu’il a appelés « assaillants ». Des blessés parmi les forces de l’ordre, mais pas de chiffres. Les organisations de la société civile tentent de centraliser les informations sur les violences, mais aussi sur les arrestations.

De nouvelles arrestations
À Yaoundé, ce mercredi matin, Me Emmanuel Simh, vice-président du MRC et soutien du candidat qui revendique la victoire d’Issa Tchiroma Bakary, expliquait être toujours en train de chercher Parfait Mbvoum, un leader de parti politique arrêté. Il dit aussi recevoir des alertes de familles ayant un proche interpellé, mais sans information sur le lieu de détention. Quant à ses autres clients, Anicet Ekane, Djeukam Tchameni et le Pr Aba’a Oyono, tous soutiens de Issa Tchiroma Bakary, ils sont – selon Me Simh – au secrétariat d’État à la Défense à Yaoundé et accusés d’insurrection, hostilité contre la patrie et rébellion.

Mardi, le ministre de l’Administration territoriale a déclaré qu’il y aurait d’autres arrestations et dans le même temps, le Directeur de l’Observatoire des Medias, collaborateur du ministre de la Communication assure que le gouvernement camerounais « reprend à son compte » les appels à la retenue formulés par les Nations unies et l’Union européenne, en ajoutant un appel à respecter « le verdict des urnes » et à ne pas perpétrer d’actes de vandalisme. Il ajoute que « l’ancien ministre Tchiroma connaît la loi et sait ce qu’il encourt en posant des actes de seddition ».

Dans l’entourage du candidat déclaré deuxième par le Conseil constitutionnel, on maintient la revendication de la victoire. Un proche de Issa Tchiroma Bakary redit ce mercredi que face à ce litige, ce contentieux électoral, il peut y avoir un arbitre, une médiation, à condition qu’elle soit « neutre ».

Retrouvez l’article sur RFI

PARTAGER