Abidjan: La décharge d’Akouédo reconvertie en parc urbain

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Le parc d’Akouédo, conçu sur le site de l’ancienne décharge publique d’Abidjan (Côte d’Ivoire), en mai 2025. PFO AFRICA

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Unique dépotoir de près de 90 hectares de la capitale économique ivorienne, le site d’Akouédo fait peau neuve pour se transformer en un lieu de promenade et d’agrément.

Tecks, fromagers, badamiers, cacaoyers… Une jeune forêt pousse de chaque côté de la passerelle métallique qui serpente à un mètre du sol dans ce nouveau parc d’Abidjan, la capitale économique de la Côte d’Ivoire. L’envers du décor est indécelable pour le visiteur de passage. « Plus de 50 millions de tonnes de déchets se trouvent sous nos pieds », prévient Noël Soro, responsable de l’assainissement pour le groupe PFO.

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L’entreprise ivoirienne, spécialisée dans la construction et les travaux publics, épaulée par le français Veolia, est en passe de finaliser un ambitieux projet initié par l’Etat ivoirien : la reconversion d’un immense dépotoir en espace vert.

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Durant des décennies, la décharge d’Akouédo fut l’unique déversoir du grand Abidjan, accueillant sur près de 90 hectares des cargaisons d’ordures ménagères ou industrielles. Ouvert en 1965 en bordure de la ville, le site s’est progressivement retrouvé cerné par les nouveaux quartiers de cette agglomération en constante expansion, imposant aux riverains ses émanations suffocantes.

C’est là que la plus grande partie des centaines de mètres cubes de déchets toxiques provenant du Probo-Koala, vraquier immatriculé au Panama et affrété par la société Trafigura, avait été répandue en 2006, sans aucune précaution. Ce déversement avait provoqué la mort de 17 personnes et plus de 100 000 personnes avaient été intoxiquées selon le rapporteur spécial de l’ONU sur les déchets toxiques.

Un coût estimé à 185 millions d’euros

Rien ne subsiste aujourd’hui du paysage d’autrefois, ces monticules de détritus flanqués de marigots fétides où s’activaient des bataillons de chiffonniers à la recherche de bouts de métal ou de plastique. Totalement saturée, la décharge a été fermée fin 2018. Un grand chantier de réhabilitation a alors été lancé pour un coût estimé à quelque 121 milliards de francs CFA (185 millions d’euros), financé par l’Etat et confié à PFO.

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Parc urbain d’Akouédo
ABIDJAN – ACHEVÉ

La décharge d’Akouédo, située à l’est d’Abidjan, était, jusqu’en 2019, le seul site de stockage de déchets de toute la ville. Ouverte au début des années 60, implanté au cœur d’un dense tissu urbain, depuis longtemps saturée, elle représentait un risque écologique et sanitaire majeur. En partenariat avec Veolia, PFO Construction a été chargée par l’État ivoirien de la fermeture, de l’assainissement et du réaménagement du site (112 hectares dont 83 hectares occupés par les déchets).

Le terrain a été sécurisé, des millions de tonnes de déchets ont été confinés par le remodelage des massifs. Des fosses périphériques ont été créés pour l’écoulement des eaux pluviales. L’ensemble est recouvert d’une géomembrane étanche et sécurisée.

Le biogaz et les lixiviats issus de la fermentation des déchets sont captés par des puits de récupération, ainsi que d’immenses réseaux en surface, de collecte et d’acheminement. Les biogaz issus de la fermentation des déchets sont transportés vers une usine de cogénération. Cette centrale installée sur site, permet d’assurer les besoins en électricité du parc lui-même, le surplus étant réinjecté dans le réseau national. Les lixiviats eux sont traités et dépollués. Et les eaux épurées sont renvoyées vers la lagune Ébrié.

Le parc a été conçu en trois zones, la zone A (nord), désormais stabilisé, destinée à être ouverte au public. Et les dômes B et C qui seront progressivement accessibles, au fur et à mesure de leur stabilisation.

Le dôme A comprend des zones de loisirs et de sports ainsi qu’une maison de l’environnement. Et, cœur du projet, le développement d’un grand parc botanique. PFO Construction a sollicité le paysagiste Philippe Niez (Niez Studio) pour créer ici un espace unique qui illustrera les différences ambiances végétales de la Côte d’Ivoire. Une vaste pépinière s’appuie sur le savoir-faire et l’expérience des populations qui ont vécu à proximité de la décharge.

Les visiteurs pourront accéder, en particulier, à la forêt des géants, via une passerelle sécurisée de 600 mètres linéaires et surélevée d’un mètre pour préserver ce milieu naturel. En sortant, ils découvriront à un espace de savanes et ses hautes herbes. La déambulation se termine dans le bois de Makoré (et ses espèces rares).

Akouedo a reçu le Grand prix économie circulaire 2021 du Geste d’or, une association indépendante des métiers du bâtiment. Aujourd’hui, une zone à haut risque en plein cœur d’un dense tissu urbain a laissé la place à un espace naturel unique et emblématique, ouvert à tous.

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