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Pilier de l’économie nationale, l’agriculture ivoirienne continue de se transformer pour répondre aux nouveaux défis environnementaux et sociaux. Ce secteur, qui contribue à environ 14 % du PIB et emploie près de 45 % de la population active, amorce une mutation profonde vers un modèle plus durable et résilient.
Un virage soutenu par l’État et ses partenaires
Depuis quelques années, la Côte d’Ivoire a placé la durabilité au centre de ses politiques agricoles. En partenariat avec la Climate and Clean Air Coalition (CCAC), le gouvernement a intégré l’agriculture dans sa stratégie nationale de réduction des polluants climatiques de courte durée (SLCP).
L’objectif est clair: moderniser le secteur, réduire son empreinte environnementale et améliorer les conditions de vie des producteurs.
Dans cette optique, plusieurs programmes pilotes ont vu le jour. À Mékro, dans la région du N’Zi, un projet mené avec la Banque africaine de développement (BAD) et le Programme mondial pour la sécurité alimentaire (GAFSP) accompagne les petits exploitants dans la diversification des cultures vivrières et l’adoption de pratiques agricoles respectueuses des sols. Cette initiative favorise aussi l’inclusion des femmes et des jeunes, en leur offrant un meilleur accès à la formation et aux moyens de production.
Des partenariats pour accélérer la transition
Le secteur privé et les organisations locales participent activement à cette dynamique. En 2025, l’Abidjan Legacy Program et Bayer ont lancé un partenariat stratégique pour la mise en place de fermes expérimentales dans l’ensemble des régions du pays.
Ces fermes servent de lieux de formation et d’expérimentation pour tester des pratiques agricoles adaptées aux réalités locales: réduction des intrants chimiques, préservation des sols, irrigation raisonnée, et valorisation des produits transformés sur place.
De son côté, l’ONG Agrisud soutient depuis plusieurs années des projets d’agro-écologie dans le District d’Abidjan. Elle accompagne les maraîchers et les petits producteurs dans la mise en œuvre de techniques durables, tout en favorisant la structuration des filières courtes et la commercialisation des produits bio sur les marchés locaux.
La formation, clé de la réussite
Pour que cette transition prenne racine, la formation occupe une place essentielle. L’Institut national de formation professionnelle agricole (INFPA) adapte ses cursus afin de préparer une nouvelle génération d’agronomes et de techniciens sensibilisés à la durabilité.
Les jeunes y apprennent à concilier rendement et protection des ressources naturelles, deux priorités indissociables pour l’avenir du secteur.
Plusieurs initiatives encouragent également la création d’entreprises agricoles dirigées par des jeunes et des femmes. Ces projets visent à moderniser les exploitations, à promouvoir la transformation locale et à renforcer la compétitivité des filières agricoles.
Des progrès réels, mais des défis à surmonter
Si la Côte d’Ivoire a franchi d’importantes étapes, des obstacles subsistent. Le financement agricole reste difficile d’accès pour les petites exploitations, les infrastructures rurales demeurent inégalement développées et la déforestation continue de peser sur les écosystèmes.
Selon une étude publiée par IOSR Journals, la réussite du passage à une agriculture durable dépendra de la coordination entre politiques publiques, innovations techniques et incitations économiques.
Une ambition nationale affirmée
Malgré ces défis, la trajectoire ivoirienne est claire : faire de l’agriculture durable un moteur de croissance inclusive et un levier de développement rural. Les programmes menés à travers le pays traduisent une volonté de long terme : produire plus, mais surtout produire mieux.
Si cette dynamique se poursuit, la Côte d’Ivoire pourrait s’imposer comme une référence régionale en matière d’agriculture respectueuse de l’environnement et des générations futures.
F. Kouadio
Cap’Ivoire Info / @CapIvoire_Info












