Économie – Cacao : un secteur stratégique entre avancées industrielles et défis persistants

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Abidjan, juillet 2025 – La Côte d’Ivoire demeure le leader incontesté du marché mondial du cacao, avec environ 40 % de la production planétaire. Une position qui s’est construite historiquement, mais qui repose désormais sur des choix stratégiques plus récents, notamment en matière de transformation locale. Alors que le gouvernement accélère les investissements dans la filière, les enjeux économiques, sociaux et environnementaux restent au cœur du débat.

Une filière ancienne devenue moteur économique
Le cacao, originaire d’Amérique du Sud, a été introduit en Côte d’Ivoire à la fin du XIXe siècle. C’est dans les zones forestières du sud que les premières plantations ont vu le jour, bénéficiant d’un climat tropical favorable. Dès les années post-indépendance, la culture du cacao connaît une forte expansion, portée par des politiques agricoles volontaristes et des infrastructures d’exportation en développement.
Aujourd’hui, la filière représente entre 15 et 20 % du PIB national et concerne directement ou indirectement un quart de la population ivoirienne, soit plusieurs millions de personnes. Elle constitue un pilier de l’économie nationale, tout en contribuant aux recettes d’exportation et à la stabilité sociale dans les zones rurales.

Une transformation locale en nette progression
Face à la dépendance à l’exportation de fèves brutes, l’État ivoirien a engagé ces dernières années une politique ambitieuse de transformation locale. L’objectif est de renforcer la valeur ajoutée créée dans le pays, tout en stimulant la création d’emplois et en structurant un tissu industriel solide.
Le dernier exemple en date est l’inauguration, le 26 juin 2025, du complexe TRANSCAO PK24 à Abidjan par le Vice-Président Tiémoko Meyliet Koné. Cette infrastructure a une capacité de transformation annuelle de 110 000 tonnes de fèves. Elle comprend également un entrepôt de stockage moderne et un centre de formation destiné aux métiers de la filière cacao.
Ces investissements s’inscrivent dans une dynamique plus large : près de 50 % de la production nationale de cacao est désormais transformée localement, ce qui représente environ un million de tonnes par an. En parallèle, plus de 10 000 emplois directs ont été générés grâce à cette nouvelle orientation industrielle.

Des défis toujours présents
Malgré ces avancées, le secteur du cacao continue de faire face à plusieurs défis. Le faible niveau de revenu des petits producteurs demeure une problématique majeure. Ces derniers restent vulnérables aux fluctuations des cours mondiaux, aux maladies des cultures et aux conditions climatiques extrêmes.
La préservation de l’environnement est également au cœur des préoccupations, notamment en ce qui concerne la déforestation et l’usage de produits phytosanitaires. Des efforts sont engagés pour rendre la culture du cacao plus durable, avec l’appui de partenaires techniques et financiers.
Enfin, la lutte contre le travail des enfants dans les zones de production reste une priorité. Plusieurs programmes de sensibilisation, de scolarisation et de contrôle sont en cours, avec l’objectif de garantir une filière conforme aux normes sociales internationales.
Une stratégie de souveraineté économique
L’orientation vers la transformation locale marque une nouvelle étape dans la structuration de la filière. Elle s’inscrit dans la vision portée par les autorités de faire du cacao non seulement un produit d’exportation, mais un levier de développement industriel.
La Côte d’Ivoire entend conserver sa position de leader mondial, tout en bâtissant une chaîne de valeur complète, compétitive et résiliente. Cela passe par l’investissement dans l’outil industriel, la formation, la transparence des filières d’approvisionnement et la protection des acteurs les plus vulnérables.

F. Kouadio
Cap’Ivoire Info / @CapIvoire_Info

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