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Région du Gôh
Ce lundi 30 juin 2025 , Gagnoa (Centre-Ouest de la Côte d’Ivoire) – Chez les Bétés de Gagnoa, le mariage traditionnel reste un pilier fondamental de la vie communautaire. Bien plus qu’une simple union entre deux jeunes gens, il symbolise l’alliance entre deux familles et le respect des ancêtres.
Une démarche qui rassemble tout le clan.
Dans la région du Gôh, le mariage commence bien avant la grande fête. La famille du prétendant se renseigne discrètement sur la moralité de la jeune fille et sur la réputation de sa famille. Lorsque tout est jugé favorable, le père du futur marié, accompagné de notables, apporte le « kola », signe d’ouverture des négociations.
La dot, cœur de la tradition.
Chez les Bétés de Gagnoa, la dot est un élément central et hautement symbolique. Elle n’est pas considérée comme un prix pour « acheter » la femme, mais comme une marque de gratitude et de respect envers sa famille.
Dans la région, le montant de la dot varie généralement entre 25 000 FCFA et 1.000 000 FCFA, selon les accords entre familles, le rang social et parfois le niveau d’instruction de la jeune épouse. À cette somme s’ajoutent :
Des pagnes de grande valeur, souvent au nombre de deux à quatre ;
Des boissons traditionnelles (vin de palme, liqueur ou gin) pour les libations ;
Des vivres : sacs de riz, ignames, poulets ou même chèvres selon les coutumes locales.
Tout cela est remis officiellement devant les deux familles réunies, dans la cour familiale ou au village. Les anciens bénissent alors le couple, invoquant la protection des ancêtres pour assurer une union féconde et harmonieuse.
Témoignage local
« Ici dans à Ouragahio, la dot est sacrée. Quand mon frère dans le Seigneur Yeshwah a pris femme à Oundjibipa, nous avons remis 25 000 FCFA, un pagne pour la mère de la fille, un pagne kita pour le père de la fille et un bouteille de gin. C’est notre manière de montrer que nous respectons la famille de la jeune fille et que nous sommes dignes de l’accueillir. »
– Jean Tokro, chef de terre de Oundjibipa .
Une célébration ouverte à tous.
Une fois la dot remise et acceptée, le mariage se poursuit par une grande fête villageoise. Les tambours retentissent, les danses masquées ou traditionnelles rythment la nuit, et les chants louent les familles et rappellent l’histoire des ancêtres.
Dans la région du Gôh, cette étape festive rassemble parents, amis et voisins dans un esprit de solidarité et de partage.
Une coutume qui résiste malgré la modernisation
Même si aujourd’hui beaucoup de jeunes couples combinent mariage coutumier et cérémonie civile ou religieuse, la dot et le rite traditionnel Bété de la région du Gôh restent incontournables. Ils rappellent aux jeunes générations que le mariage est avant tout un lien entre familles, une promesse de respect mutuel et une continuité de l’identité Bété.
DJACK ZOLA