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Présidentielle 2025 : Par instinct de survie, le PDCI/RDA et le PPA-CI
se mettent ensemble pour sauver la CI. Dr. Ben ZAHOUI-DÉGBOU
Le PDCI / RDA (Parti Démocratique de Côte d’Ivoire / Rassemblement Démocratique Africain et le PPA – CI (Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire) ont signé un accord politique le jeudi dernier (19 juin 2025). A cet occasion, le Président Laurent Gbagbo a lancé officiellement son Mouvement « Trop c’est Trop » et présenté ses animateurs. Il faut signaler que l’objectif de l’accord politique entre les deux plus grands partis de l’Opposition ivoirienne, le PDCI / RDA et le PPA – CI, dirigés respectivement par Laurent
Gbagbo et Tidjane Thiam, consiste à créer les conditions de l’organisation en octobre prochain, d’une élection présidentielle inclusive, juste et transparente.
La Côte d’Ivoire, connaît une crise interminable depuis la disparition de son premier Président en 1993. Feu Félix Houphouët-Boigny et le PDCI-RDA, le parti qu’il a créé en 1946, ont marqué de façon indélébile, l’histoire notre pays. Trente deux après sa disparition, ce pays phare de l’Afrique de l’ouest, est aujourd’hui dans une situation extrêmement tendue, ceci, à la veille de l’Élection présidentielle d’octobre 2025.
La responsabilité du parti de Félix Houphouët-Boigny est engagée dans la situation actuelle du pays. En effet, en 2005, le PDCI-RDA pensait trouver un nouveau souffle, dans une alliance « idéologique » avec le Rassemblement Des Républicains (RDR) du Président Alassane Dramane Ouattara, alliance jugée à l’époque par des observateurs politiques, essentiellement contre le régime de Laurent Gbagbo. Le parti historique est aujourd’hui sur la bonne voie, avec l’arrivée à sa tête, du Ministre Tidjane Thiam, petit-fils de Feu Félix
Houphouët-Boigny et ancien Directeur Général du Crédit suisse.
Une bonne partie des Ivoiriens, notamment les militants du PDCI-RDA sont en colère à cause des ennuis judiciaires de leur Président dont Dame Valérie Yapo, militante du parti, conteste la légitimité au vu de sa double nationalité. Leur colère est aussi aggravée par la situation générale même du pays. Avec du recul, des militants « GOR » (Gbagbo ou rien) en veulent intérieurement à leur Leader pour avoir autoriser le Président Ouattara à candidater à la présidentielle de 2010. Ces derniers temps, ils le font savoir abondamment, avec colère, sur les réseau sociaux. Au plan national, tout est bloqué, les Ivoiriens vivent très mal. Le panier de la ménagère est devenu très léger, malgré les 6,3 % de taux de croissance que des spécialistes jugent « appauvrissante ». Le taux de chômage est de 25 % selon le Gouvernement de Ouattara.
La corruption a atteint un niveau inquiétant et les détournements de deniers publics qui sont monnaies courantes, restent impunis. Notre riche et beau pays se trouve au plan mondial, à la 69ème place / 180 pays, selon l’Indice de Perception de la Corruption (IPC) de Transparency International (2024). Pour ce qui concerne l’Indice de Développement Humain (IDH), du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), la Côte d’Ivoire est classée à la 166ème place / 193 pays évalués en 2024.
Au plan sociopolitique, le processus de réconciliation nationale n’a jamais véritablement été
engagé par manque de volonté politique. Malgré les apparences trompeuses et les discours positifs sur ce sujet, les Ivoiriens n’arrivent plus à vivre correctement ensemble comme par le passé. Aujourd’hui, la vie de nos frères du Nord qui vivent massivement, dans les villes du centre et du sud forestier, est mise en danger par le comportement inutilement arrogant et répressif des Gouvernants et de certains ressortissants du Nord du pays dans leurs régions d’accueil.
Par exemple, sur une chaîne de télévision de la place à la solde du pouvoir d’Abidjan, Karim Fany, Maire RDR d’Issia, en plein pays Bété, dans le Grand ouest de la Côte d’ivoire, a fini par convaincre tout le monde. En effet, avec des propos pleins de mépris et de suffisance en l’endroit du Président Gbagbo. Monsieur le Maire « Dioula » d’Issia soutient sans preuve que feu Koudou Paul n’est pas le père du Président Laurent Gbagbo. En plus de ces dérives verbales quotidiennes, il faut noter que l’atmosphère générale dans le pays est également alourdie par la politique absurde, injuste et frustrante de « rattrapage ethnique » du Président Ouattara.
L’expropriation systématique des ivoiriens des terres arables du Grand Ouest et ailleurs dans le pays, est aussi une source d’inquiétude pour nos frères du Nord. Tous les malheurs de la Côte d’ivoire viennent du régime actuel qui continue, en ce moment même, d’aggraver la situation du pays déjà délétère en détruisant des habitations de personnes vulnérables sans les reloger. Et paradoxalement, Il est question d’un mandat de trop, un quatrième, pour l’occupant actuel du Palais présidentiel. C’est encore une bombe à retardement que préparent les Gouvernants. Contrairement à l’apparence, la situation du pays est très tendue et à tout moment, tout peu exploser. La dernière grève des Enseignants a montré clairement la fragilité du pays et le manque de coordination au niveau du Gouvernement qui campe sur sa posture de ne pas aller au dialogue avec les partis de l’Opposition.
Est-il utile de rappeler la crise préélectorale de 2020. L’Opposition qui était sociologiquement plus importante a boycottées le scrutin présidentiel avec 15 % de taux de participation. Il y a eu au moins 150 morts dont le plus négativement mémorable reste Nguessan Koffi Toussaint de Daoukro. Le PDCI-RDA et le RDR ne gouvernant plus ensemble depuis 2018, de façon formel, tous les militants de cette Opposition, PDCI/RDA et PPA-CI,ont fait front commun, une alliance à la base, contre le parti au pouvoir. La preuve, aux
dernières élections législatives et municipales (2021 et 2023), il y a eu des régions où cette alliance a marché. Les candidats RHDP ont été battus par des indépendants ou des candidats PDCI-RDA et FPI, aujourd’hui PPA-CI. Dans les régions où le PDCI et le RDR étaient carrément opposés, le PDCI a remporté le scrutin, certainement avec le vote des militants de l’ex FPI du Président Laurent Gbagbo.
Constat de cette analyse qui peut être appuyée par des chiffres, les alliances entre le PDCI-
RDA et le PPA-CI se feront naturellement et de façon informelle, à la base, au niveau des militants et sympathisants de ces deux grands partis politiques aux prochaines élections notamment présidentielle d’octobre 2025. Il est aujourd’hui impérieux de mettre en place les clauses d’une alliance durable, dans un programme consensuel de Gouvernement pour la survie des Ivoiriens, au-delà des « divergences idéologiques » qui pourraient exister. Leurs militants attendent cette vraie alliance que les Présidents Bédié et Gbagbo avaient réussi à consolider, mettant de côté les rancœurs et les récriminations mutuelles,
en privilégiant l’intérêt supérieur de la Côte d’ Ivoire.
De toutes les façons, en octobre 2025, pour l’élection présidentielle qui arrive, par instinct de survie, tous les militants de l’Opposition, la Société Civile, et même certains militants du Rassemblement des Républicains (RDR), encore lucides, qui voient comme beaucoup d’Ivoiriens, les prémices d’une guerre civile, aux portes de la Côte d’Ivoire, vont se mettre ensemble pour assurer une alternance au sommet de l’État.
Dr. Ben ZAHOUI-DÉGBOU,
Géographe-Journaliste spécialiste de Géopolitique
et de Commerce International (glouziletnews.com)
Masterant en Théologie, BIBLEDOC,
Institut de Théologie, P.O. BOX 118 STAFFORD, VA – USA