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REVIREMENT DE TOURÉ ALPHA YAYA : QUAND GUILLAUME SORO PRÉVENAIT SES PARTISANS
« La route sera peut être difficile, longue, mais nous allons gagner », avait prévenu le président du Comité politique (CP), Guillaume Kigbafori Soro, le 20 avril dernier, lors d’un meeting à Dabakala, localité du nord de la Côte d’Ivoire. La suite est connue le revirement de Touré Alpha Yaya.
Comme un visionnaire, les évènements de ces dernières 24 heures semblent lui donner raison. Même si certains partisans du “leader générationnel” tentent de minimiser ce revirement inattendu du député-maire de Gbon, Touré Alpha Yaya, ce départ sonne comme un fracas dans les rangs de la “sorosphère”, dans la mesure où celui qui vient de déposer ses bagages au Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) était considéré comme l’un des fidèles “karamôgô deh” de l’ex-président de l’Assemblée nationale.
Mieux, sa récente réélection en qualité de maire de la commune de Gbon avait été accueillie avec satisfaction et perçue comme une victoire sur le RHDP, en ce sens qu’il avait réussi à « terrassé » trois membres du gouvernement, originaires de la région, qui avaient fait campagne pour son adversaire. Malheureusement, cet amour des soroïstes sera de courte durée. Lui qui était hier, adulé par les partisans de Guillaume Soro, est, aujourd’hui, hué et traité de tous les noms.
Mais pour le député de Ferkessédougou, cette « trahison » était prévisible.
Recevant, à sa résidence de Marcory résidentiel, le 10 mars 2019, une délégation de la Mutuelle des ressortissants de Grand-Béréby à Abidjan, conduite par le député Sarré Gnépo Edmond, le président du comité politique avait alerté ses hôtes sur ces types de politiciens :
« Vous savez, je vais vous dire une chose : il y a deux types de politiciens ; il y a des gens qui viennent à la politique pour des postes. Ils font des calculs : si je rentre ici, voilà ce que j’obtiens ou soit avoir une nomination. Ils viennent à la politique pour de l’argent, ils viennent à la politique pour des grades. Moi, je ne suis pas venu à la politique pour être nommé. Et il y a d’autres personnes qui sont en politique par vocation. Moi, j’avais 20 ans, quand je commençais le syndicalisme (…). Donc je ne suis pas venu à la politique pour manger ou pour chercher poste. Moi, je suis venu à la politique d’abord par le syndicalisme, par conviction, vocation je dirais. À cette époque, j’avais 21 ans ; déjà à ce moment, on me proposait de me donner bourse pour aller étudier au Canada. On me proposait l’argent par-ci, par-là, je ne l’ai pas fait. C’est pourquoi, je regarde les gens et je souris. Il n’y a pas de propositions que moi, je n’ai pas entendues ici dans ce pays », avait-il expliqué.
« Aujourd’hui, ceux qui semblent être bruyants et nombreux, ce sont les politiciens de postes, de l’argent. Tu vois des gens désemparés, quand on les oblige à militer au Rhdp, moi j’ai honte ; quelle image voulez-vous donner à vos enfants à la maison ? Mais enfin, un peu de dignité ! », s’était-il offusqué.
Touré Alpha Yaya fait-il partie de ces personnes ? Probablement, si on s’en tient aux propos de Guillaume Soro ce jour là.
« Moi aujourd’hui, je ne suis plus président de l’Assemblée nationale, je suis chez moi ; je vais traverser la galère, tout le monde va me quitter. Je suis préparé à cela (…). J’ai déjà vécu cette situation. J’étais à la tête de la Fesci ; j’ai été l’homme de l’année, un jour j’ai quitté, tout le monde a fui, je suis resté seul, moi, mon épouse, mon fils et Soul To Soul, on était quatre (…). Donc, j’ai traversé tout ça et aujourd’hui, je suis convaincu que tu as beau tout faire, tu es intelligent, tu es brillant, tu es stratège … c’est vrai, c’est le côté rationnel, mais il y a un côté irrationnel qui dépasse, c’est Dieu (…). S’il a prévu que tu sois président, tous les êtres humains n’ont qu’à se réunir contre toi, tu seras président », avait-il prophétisé.
Moïse Yao K.
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