Fespaco 2019 – L’étalon de Yennenga : des origines au grand prix du cinéma africain

1678

[ Publié / Modifié il y a

165 films et 20 longs-métrages sont en lice cette année à la conquête du sacre de la meilleure œuvre cinématographique au Fespaco 2019 de Ouagadougou. L’étalon de Yennenga, symbole de cette consécration est matérialisé par une guerrière, lance à la main sur un cheval. Qui est-elle ? Et pourquoi ce symbole pour le cinéma africain ?

Selon la légende retranscrite dans une brochure intitulée « De Gambaga à Issouka », confectionnée par Patrick Rossi, responsable du musée Rayimi à Issouka (Koudougou) dont nous avons eu copie, à Gambaga (Ghana) régnait un chef Dagomba nommé Nédéga. L’une de ses filles , appelée Yennenga était une guerrière remarquable et conduisait les soldats de son père au combat. Ce dernier la considérait comme un homme plutôt qu’une femme, et estimait que si elle devenait mère, elle ne pourrait plus conduire son armée.

Alors qu’elle opérait une razzia chez les Boussancé, entre Bitou et Tenkodogo, son cheval s’emballe et l’emporte loin de ses troupes. L’animal finit sa course dans une forêt épaisse devant une hutte habitée par un chasseur d’éléphant nommé, Rialé, fils d’un chef malinké.

Yennenga devint sa femme et eut un enfant, Ouédraogo.

Lorsque Ouédraogo devint un jeune homme, Yennenga dépêcha un messager à Gambaga, aviser Nédega qu’il était devenu grand père. Malgré sa colère, Nédéga pardonne à sa fille et la reçoit avec son gendre et son petit fils. Il a voulu même les garder auprès de lui, mais Rialé refuse en prétextant qu’il mourrait s’il vit loin de la forêt. Nédéga les laisse partir mais à son petit fils, il confie une armée de soldats Dagomba. À la tête de son armée, Ouédraogo, s’empare du pays des Boussancé et établit sa résidence à Tenkodogo. Ouédraogo eut plusieurs fils dont trois sont connus : Zoungrana, Raoua et Diaba. Il confia à chacun le commandement d’une province de son empire naissant, l’empire Moose ou Mossi.

L’étalon de Yennenga, grand prix du Fespaco

Le trophée tire son sens du mythe fondateur de l’empire des Moose, ethnie majoritaire au Burkina Faso. Par delà le prix, l’étalon du Yennenga est le symbole de l’identité culturelle africaine que les cinéastes à travers leur création doivent pérenniser. Doté d’une enveloppe de 10.000.000 fcfa au début de sa création en 1972, le Yennenga d’Or vaut aujourd’hui 20.000.000 Fcfa. Une somme encore minime face à tant d’énergie et de moyens que la réalisation d’un film peut coûter. ​

Philippe Kouhon, envoyé spécial au Fespaco
afrikipresse.fr

PARTAGER