Ne l’oublions pas

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NE L’OUBLIONS PAS.
Le 11 avril 2011, ce qui fut avec euphémisme baptisé la « crise ivoirienne » se dénouait de façon on ne peut plus tragique sous l’effet des bombardements de l’armée française. Une armée française dressée à mort, rwandisée à bloc. Une armée française encagoulée de son bonnet fétiche frappé du logo coulé à l’encre noire et indélébile de « Communauté internationale ».
Des milliers de jeunes ivoiriens venus massivement des périphéries populaires d’Abidjan soutenir les mains nues le Président Laurent GBAGBO furent mitraillés, massacrés, réduits en bouillis sans autre forme de procès par une armée française impitoyable. Elle fut aidée en cela de ses supplétifs convoyés pour la cause des pays ouest-africains alentours. A l’intérieur du pays, le sort de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants ne fut guère mieux. Le spectacle fut tout aussi sans appel, des plus horribles: morts et désolation. Dans le meilleur des cas, ruines et larmes.
La démocratie des canons venait en ce mois d’avril en pleine fleur de l’âge du troisième millénaire de prendre le pas sur « la victoire par les urnes » selon l’expression de l’écrivain ivoirien Léandre SAHIRI.
Le destin de tout un peuple, le peuple de Côte d’Ivoire, venait ainsi de basculer dans ce qu’il convient aujourd’hui d’appeler ” zone de non droit ” et d’incertitude d’un avril noir.
Aujourd’hui un régime règne sans partage avec férocité au bord de la lagune ébrié. Cela, avec pour axe idéologique implacable assumé sans état d’âme : divorcer d’avec l’expression démocratique pluraliste et en finir sous quelque forme avec toute âme se réclamant du Président Laurent GBAGBO, père des libertés populaires.
A Abidjan, la démocratie des canons sur fond de discrimination sociale dénommée sans coup férir « rattrapage ethnique » règne dans une sacro-sainte logique tribale:
Tribal Jam in Abidjan !
Les valeurs humaines les plus élémentaires sont ainsi altérées, dénaturées. Le souffle de vie, le destin, les corps des êtres vivants sont ainsi relégués dans les bas-fonds des consciences et dans les artères les plus décaties.
Un slogan s’affiche triomphalement aux frontons des édifices et à tous les angles des “rues parallèles”, scabreux:
Emergence !
La catastrophe s’exhibe dans chaque recoin réchappé des faubourgs des agglomérations de Bouaké, de Gagnoa, de Bondoukou, d’Abidjan, de San-Pedro, etc. et des campagnes les plus reculées. Le désastre est acclamé à coups de Kalach à chaque carrefour rattrapé. La démocratie pluraliste du peuple est abrogée, atrophiée, anesthésiée.
Sur le plan économique, l’inflation s’affiche dans les marmites des mères non pas avec un mais avec deux, trois voire quatre chiffres. Le sous-sol du nord au sud est rageusement ravagé, outrageusement mutilé par les multinationales en quête de pépites de minerais pour leurs industries, accompagné en cela dans le plus grand cynisme par une effarante presse internationale prête à étouffer toute sonorité discordante. Le pétrole plus que jamais coule à flots étalant honteusement dans les narines du peuple ses effluves de misères.
Le décor en Côte d’ Ivoire est en cette nouvelle année 2019 magistralement triste et majestueusement des plus indignes dans l’histoire des jeunes nations africaines.
Où va mon pays ?
Où va mon peuple ?
Où va la Côte d’Ivoire ?

Kock Obhusu
Economiste

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