FPI: après les deux congrès, haro sur l’unité du parti de Gbagbo

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En l’intervalle d’une semaine, les deux factions du Front populaire ivoirien (FPI, opposition) ont organisé, chacune, « son » 4è congrès ordinaire pour renouveler ses instances, laissant à la remorque l’unité du parti.

Et pourtant chaque camp a mis un point d’orgue sur « l’organisation d’un dialogue sincère inclusif entre le pouvoir, l’opposition et la société civile en vue d’engager un véritable processus de réconciliation nationale, gage d’une paix durable dans l’intérêt supérieur de la Nation ».

Mieux, les deux tendances opposées du FPI, comme si elles s’étaient concertées estiment que « la vraie réconciliation nationale passe par la libération du président Laurent Gbagbo, de tous les prisonniers politiques militaires et civils, le retour des exilés et l’arrêt de l’acharnement judiciaire contre nos militants et cadres », lit-on dans les différentes résolutions de chaque camp.

Alors, pourquoi le parti de Laurent Gbagbo ne commence-t-il pas à créer les conditions de « sa propre réconciliation interne » au lieu d’étaler un bicéphalisme irritant à la face du monde ? La tendance légale, reconnue par les autorités ivoiriennes, conduite par Affi N’guessan avait même reporté son congrès, initialement prévu en août 2017 pour, disait-elle, donner une chance à la réconciliation interne.

« La décision du report du congrès a été motivée par le fait que nous tenons absolument à l’unité du parti. Nous avons fait droit à un certain nombre d’initiatives en Côte d’Ivoire et à l’extérieur du pays, venant de personnalités qui souhaitent que ce congrès soit reporté afin de finaliser les actions qu’elles ont entreprises», avait expliqué le président Pascal Affi N’guessan.

A ses assises du 28 juillet 2018, au Palais des Sports de Treichville, le camp Affi a fait l’impasse sur cette volonté affichée en public.

Pour la tendance Sangaré, qui se fait appeler les GOR (Gbagbo ou rien), le discours se radicalise davantage vis-à-vis du président statutaire du parti. L’éternelle rengaine est servie sans jamais à en apporter une seule preuve. « Affi est acheté, c’est un judas ou il a trahi Gbagbo…. ».

Cette faction du FPI, selon ses animateurs, incarne la « ligne originelle » du parti et n’ont plus rien « en commun » avec Pascal Affi N’guessan. « Non, c’est faux ! », rétorque un analyste politique.

« Les deux camps ont commun le sigle du parti, les couleurs du parti. Ils se réclament de Laurent Gbagbo, avec pour objectifs de libérer Gbagbo et reconquérir le pouvoir d’Etat avec lui », explique l’interlocuteur.

La difficulté du FPI de refaire son unité réside moins dans l’idéologie de chaque camp que dans les querelles de personne. L’un comme l’autre camp est allé « trop loin dans les invectives et insultes gratuites » fait remarquer cet observateur qui interroge « comment le FPI va-t-il reconquérir le pouvoir d’Etat sans unité ».

Aux dernières présidentielles que la tendance Sangaré a boycottées, Affi N’guessan avait été crédité d’un score de 9%, très loin des 49% de La majorité présidentielle (LMP) de Laurent Gbagbo en 2010.

Dans leur for intérieur, les dirigeants de chaque camp savent que cette division dessert le FPI mais les égos des uns et des autres ont pris le pas sur les intérêts du Front populaire ivoirien. Quid de la pensée de Laurent Gbagbo « asseyons-nous et discutons » ? Le bicéphalisme à la tête du parti peu productif a encore de beaux jours dans le parti rose.

APA

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