Côte d’Ivoire : la résidence des ambassadeurs à Washington abandonnée – des questions sans réponses

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La résidence des ambassadeurs de la Côte d’Ivoire à Washington, sise au 5111 Broad Avenue Washington DC- NW n’est plus habitée depuis 2004. Délabrée et abandonnée, elle est sous la menace d’une réquisition par les autorités américaines , pour une vente aux enchères.

C’est en 1962 que le président Félix Houphouêt-Boigny achète le domaine appartenant à son ami, Tchang Kaï-Check (1887-1975), le chef du parti révolutionnaire Kuomintang, qui a refusé l’autorité de la Chine communiste. Plusieurs ambassadeurs de la Côte d’Ivoire, ont naturellement logé dans cette résidence située dans un chic quartier de la capitale fédérale américaine : Henri Konan Bedié (1961-1966), Thimotté Ahoua Nguetta (1966-1982), René Amani (1982-1986), Charles Providence Gomis (1986-1994), Koumoué Koffi (1994-2001), Youssoufou Bamba (2001) et Kokora Pascal (2001-2004).

Après le départ de Kokora Pascal, qui en avait plutôt fait des bureaux annexes, cette prestigieuse résidence n’a plus connu de locataire. Les ambassadeurs qui lui ont succédé, Daouda Diabaté (2004-2007), Koffi Yao Charles (2007-2011) puis encore Daouda Diabaté (2011-2018) et actuellement Haïdara Mamadou, en fonction depuis mars 2018, ont payé un loyer et des charges, pour habiter ailleurs.

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Selon certaines sources, la réhabilitation de la résidence ivoirienne de la Broad Avenue de Washington DC pose problème, à cause du financement du coût de rénovation. « On nous parle aujourd’hui d’un coût, et demain d’un autre. Je crois que le gouvernement est informé, et devrait s’employer pour nous éviter une liquidation », explique un contact ivoirien à Washington. Sur les lieux, l’on aperçoit des brouettes et deux piscines remplies d’eau sale des pluies qui tombent en ce moment à Washington. La façade de la résidence méconnaissable, les lieux sont envahis par la broussaille. Des fenêtres et des vitres cassées sont perceptibles. Impossible de pénétrer dans les pièces de peur d’être mordu par un reptile. Plusieurs voitures de squatters, ou d’inconnus sont visibles sur le parking de la résidence. Le deuxième bâtiment à côté du principal, semble être habité. Les occupants seraient des membres de la famille de l’ambassadeur Daouda Diabaté.
« On nous a demandé de rénover le bâtiment, et depuis quelques semaines nous sommes à pied d’œuvre », explique, Tyrone Gibson, de la société Suisse TWG Contracting Inc, rencontré sur les lieux avec deux autres hommes.
Qui leur a demandé de faire les travaux ? Impossible d’obtenir une réponse sur le champ, ni du côté des officiels de l’ambassade de Côte d’Ivoire à Washington. La résidence aurait-elle été vendue à des tiers dans le dos des autorités ivoiriennes ? Pourquoi n’est-elle pas habitée depuis bientôt 15 ans ? Les travaux de réhabilitation ont-ils été lancés en catimini ? Où sont passées les lignes budgétaires qui auraient été mises en place à la suite des instructions du chef de l’État, alerté sur le sort de la résidence depuis son premier passage aux USA, en 2011 après son investiture ?

Au delà de ces questions, c’est l’image et le prestige même de la Côte d’Ivoire qui sont en jeu. Le pays ayant placé haut la barre, s’agissant du standing de son ambassade à Washington, la situation de la résidence est en déphasage avec le succès de l’éco-diplomatie engagée sous la houlette du chef de l’État, Alassane Ouattara.

Philippe Kouhon, à Washington
L’Intelligent d’Abidjan

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