Décès de Gun Morgan : Que de regrets… mais quel plaisir partagé !

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Issu d’une famille d’artistes, le neveu des légendaires Sœurs Comoé et non moins oncle de Monique Séka, s’est nourri, tout jeune, à la sève pop version yéyé incarnée par l’Américain James Brown à qui il s’identifiait.

Décès de Gun Morgan : Que de regrets… mais quel plaisir partagé !

La nouvelle du décès de l’artiste est tombée, très tard dans la nuit de dimanche à lundi, avec un soupçon d’une symphonie inachevée. Comoé Jean-Pierre alias Gun Morgan, l’une des stars de la musique moderne ivoirienne de la décennie glorieuse des années 1980 est passé de vie à trépas, aux environs de 3h du matin, dans un établissement hospitalier de référence d’Abidjan.

Si la nouvelle de la disparition de l’artiste a ému plus d’un, via les réseaux sociaux, il n’en demeure pas moins pour les observateurs du microcosme de showbiz ivoirien que Gun Morgan, septuagénaire émergent, avait entamé une lente agonie depuis près de vingt ans. Entre déboires conjugaux et familiaux, errance créatrice et déchéance morale et physique.

Ce qui, du reste, est coutumier du monde artistique. Sans vouloir entacher la mémoire de celui qui, dès les années 1970, sous l’ombre tutélaire de ses tantes de stars marqua la musique ivoirienne moderne de son empreinte entre éclectisme musical et excentricité vestimentaire, sans compter un enjouement débonnaire pour le noceur invétéré qu’il fut, il convient d’arguer que Gun Morgan ne laissait personne indifférent. Mieux, il (aimait) choquer.

Issu d’une famille d’artistes, le neveu des légendaires Sœurs Comoé et non moins oncle de Monique Séka, s’est nourri, tout jeune, à la sève pop version yéyé incarnée par l’Américain James Brown à qui il s’identifiait. A tous égards. Aussi bien, à travers son talent, son charisme et son énergie débordante sur scène. Que par ses frasques et autres débordements dans la vie sociale.

« Côcôti Kouadio »

Il a, à cet effet, marqué l’histoire de la musique de notre pays durant les années 1980 surtout quand, en compagnie de son ex-épouse et de ses deux enfants, arborant les couleurs nationales avec une joie de vie débordante sur la scène, Gun et les siens, incarnaient la famille idéale ! Toute la Côte d’Ivoire reprenant en chœur le refrain de son tube : » Côcôti Kouadio » ! Avec à la clé, en plus de son physique de déménageur, normal pour le pratiquant d’arts martiaux qu’il était, une chorégraphie insoupçonnée.

L’artiste qui était, par ailleurs, jusqu’au début des années 1990, cadre commercial dans une compagnie de cosmétique, connût, contre toute attente et au sommet de sa gloire quasi-édénique, une descente vertigineuse aux… enfers. Départ de madame. Débauche sexuelle, toxicomanie, alcoolisme, entre père, fils, fille avec pour paroxysme décès brutale du fils. Puis les maintes tentatives de réhabilitation, de réinsertion pour les deux rescapés de la famille. La fille y réussit, tant bien que mal, sauvée par son talent inné.

Rongé par la maladie, quant à lui, Gun Morgan lutte des années durant avec les moyens du bord, contre la vie et la survie sans pouvoir jamais joindre les deux bouts. Au moment où il retrouvait espoir confiait sa fille, Comoé Keleen, ce fut la désillusion. Car, Gun Morgan ayant été informé, en 2014, qu’il devrait percevoir à l’instar des anciennes gloires des arts et lettres, une «pension mensuelle allouée aux doyens de la musique ivoirienne», ne vit, au final, son nom ne figurera pas sur cette liste.

Ce fut alors, à moins que l’annonce d’un quelconque soutien ou appui n’ait été de notoriété publique, le début de la fin. Salut l’artiste !

REMI COULIBALY
fratmat.info

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