“Nation”, “ensemble”, “malaise”… Les mots de l’allocution de Macron

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“Nation”, “ensemble”, “malaise”… Les mots de l’allocution de Macron

L’application «Le Poids des mots» de Paris Match permet d’analyser la parole présidentielle. Nous avons comparé l’allocution d’Emmanuel Macron prononcée lundi soir à notre base de données, qui contient 261 discours du président.

Ce devrait être l’une de ses allocutions les plus attentivement écoutées depuis le début de son mandat. Silencieux pendant 10 jours, depuis la conférence de presse à l’issue du G20 à Buenos Aires, le 1er décembre dernier, Emmanuel Macron s’est adressé à la Nation pendant treize minutes ce 10 décembre.

Organisée en trois temps -une condamnation de la violence, sa propre lecture de la situation et enfin les mesures qu’il entend mettre en œuvre pour en sortir-, son allocution lui permet de caractériser le mouvement que traverse le pays en l’intégrant dans la lecture politique développée depuis le lancement d’En Marche en avril 2016.

Jamais l’expression «gilets jaunes» n’est prononcée, seuls sont mentionnés les «ronds-points», lieu de ralliement des «gilets jaunes» dans l’espace public. S’il commence par employer le terme «événements» (évocateur de la façon dont certains qualifient Mai-68), il utilise ensuite «crise», assurant que c’est «en [la] pressentant» qu’il a décidé d’être candidat à l’élection présidentielle l’an dernier. Pas question pour le chef de l’Etat, en revanche, de parler de révolte ou de révolution, mot qui fut pourtant le titre de son livre-programme. Dans son allocution, plusieurs sentiments sont soulignés : la «colère» en premier lieu, associée à l’«indignation» qu’à l’entendre, même lui peut partager («beaucoup d’entre nous») et à la «détresse». Le «malaise» revient également à plusieurs reprises, par une anaphore, qui débute quatre phrases. Malaise, qui, comme beaucoup des dysfonctionnements qu’il stigmatise à longueur de discours, date selon lui de plusieurs décennies, «quarante ans» en l’occurrence : «Ce sont quarante années qui ressurgissent.» Il se sert à nouveau de cette durée pour justifier son refus de revenir sur l’impôt sur la fortune, en posant une question rhétorique : «Pendant près de quarante ans il [l’ISF] a existé. Vivions-nous mieux durant cette période? Les plus riches partaient et notre pays s’affaiblissait.»

Exclusif :«Le Poids des mots», l’application d’analyse des discours politiques de Paris Match

Ses ennemis sont, comme souvent dans les discours du président, désignés par des qualificatifs peu flatteurs. Il s’agit des «opportunistes». Un mot qu’il avait employé une fois, quand il était candidat, le 15 mars 2017 lors d’une interview dans le quotidien «La Provence» pour désigner certains soutiens de François Fillon à ce stade de la campagne présidentielle. Il détourne également l’expression commune «responsables politiques» pour dénoncer les «irresponsables politiques» qu’il ne désigne pas.

parismatch.com
Adrien Gaboulaud et Anne-Sophie Lechevallier

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