Le capitalisme : un système économique moral

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Le capitalisme contrairement à de nombreuses critiques est moral. Pourquoi ? Parce qu’il repose sur les droits et libertés individuels. Andile Khumalo a écrit[1] qu’il faut évoluer vers un capitalisme qui place «la société plutôt que le profit au cœur des décision et actions des entreprises». Mais la justification morale du capitalisme ne réside pas dans ses effets «pour la société» ; sa justification morale est qu’elle repose sur la notion de droits individuels.

Qu’est-ce que le capitalisme ?

Commençons par définir les concepts, de capitalisme, libre entreprise, liberté économique et marchés libres, comme un échange volontaire entre individus, sans l’intervention d’un tiers. Le consentement mutuel et l’absence de coercition ou de fraude sous-tendent ces interactions. Comme l’a écrit Ayn Rand, dans son ouvrage « Le capitalisme: l’idéal inconnu » : «Dans une société capitaliste, toutes les relations humaines sont volontaires.»

M. Khumalo utilise l’expression « capitalisme inclusif », ce qui est un pléonasme car il confond le capitalisme avec la non-inclusion. Or, l’on parle de capitalisme lorsque deux personnes échangent volontairement entre elles, en l’absence de coercition ou de fraude ; ce qui signifie que les deux parties ont le pouvoir d’accepter ou de refuser l’échange. Si je veux échanger mon argent contre le service ou le produit de quelqu’un d’autre, je suis libre de le faire.

Quand l’Etat devient un barreur de route

Lorsque l’État s’immisce dans une grande partie de notre vie, le seul moyen pour les entreprises de se «concurrencer» est de rechercher des faveurs de cet État pour devancer leurs rivales. Par exemple, MultiChoice demande que l’entreprise Netflix soit réglementée. Nous avons trop peu de liberté, puisque les entreprises doivent faire face à une vague de réglementations. Si elles trouvent une lacune sous la forme d’une faveur gouvernementale, elles la prennent. Les réglementations favorisent également les grandes entreprises en rendant plus coûteuse et plus onéreuse l’entrée sur le marché de nouveaux concurrents plus petits.

En fournissant des biens et des services et, espérons-le, en réalisant des profits, les entreprises se rendent indispensables à la société. Lorsque j’achète quelque chose à une autre personne, je pense que je reçois plus de valeur ou au moins autant que l’argent que je donne en contre partie, ce qui explique pourquoi je participe à l’échange. Une entreprise est morale lorsqu’elle s’engage dans son objectif premier, à savoir réaliser un profit. Ce sont en fait les consommateurs qui décident si une entreprise doit ou non exister. Dans une société libre, cette entreprise est libre de maximiser son profit autant que possible, à condition de ne pas s’engager dans la coercition ou la fraude, car elle fournit ainsi le meilleur produit ou service possible pour attirer les clients.

Remettons les choses à leur place

M. Khumalo affirme que le fossé des inégalités est une caractéristique inquiétante du « capitalisme classique ». Parce que quelqu’un est riche, cela ne signifie pas qu’il a fait forcément sa richesse au détriment de quelqu’un d’autre. Au lieu de reconnaître qu’il est moral pour les gens de commercer volontairement, tout de suite il insinue que la richesse a été «gagnée» grâce à l’usage de la force et de la domination. Dans le monde moderne, sauf à pouvoir prouver le contraire, les personnes les plus riches n’ont pas volé leur richesse. Elles ont dû fournir des biens et des services pour des personnes libres et désireuses d’acheter. Dans un marché libre et concurrentiel, les entreprises doivent se faire concurrence pour obtenir le choix du client.

Comme l’a récemment dit Yaron Brook, l’inégalité n’est pas un bug du capitalisme, mais plutôt une de ses caractéristique. Lorsque l’inégalité entre les personnes est le résultat d’interactions volontaires, il faut en faire l’éloge. Lorsque les gens sont libres de créer des entreprises et de réaliser des bénéfices, améliorant ainsi leur propre vie grâce au commerce volontaire avec d’autres, nous devons les féliciter et non les condamner.

Ne pas confondre capitalisme et copinage !

M. Khumalo écrit: « Les capitaines du capitalisme – grandes entreprises et personnes fortunées – ont été impliquées dans des pratiques commerciales douteuses et dans la corruption quand ils cherchent à donner la priorité au profit au détriment de la société. » Lorsque nous accusons quelqu’un d’un crime, nous devons fournir des preuves. Il est de mauvaise foi d’assimiler les entreprises qui se livrent à la corruption à celles qui mènent leurs affaires honnêtement. En outre, le fait qu’une entreprise réalise un profit ne signifie pas qu’elle l’a réalisé au détriment de la société. Fournir des biens et des services que les gens libre de les acheter, crée de la richesse. Pourquoi assimiler cela à de la tromperie des clients ?

Toute entreprise qui copine avec le gouvernement ne mérite pas l’honneur d’être qualifiée de capitaliste. Ce copinage est de la corruption, de la fraude et les coupables devraient rendre des comptes. M. Khumalo souligne que la marée noire de BP en 2010 et les récents décès dans le secteur minier en Afrique du Sud sont des exemples d’entreprises qui maximisent leurs profits au détriment de la société. Lorsqu’un employé est lésé dans son travail par une entreprise dont la négligence est prouvée, il est normal que l’entreprise soit condamnée et tenue responsable. Rien dans le concept d’échange volontaire n’implique que les individus et les entreprises ne soient pas tenus responsables. Il faut donc réhabiliter la responsabilité économique via la dérégulation de sorte à ce que les entreprises adoptant des comportements contraires à l’éthique ne puissent plus demander de renflouement ou de protection du gouvernement et qu’elles soient ainsi punies naturellement par le marché .

Ainsi, multiplier les réglementations rigides n’est pas la solution pour une économie de libre entreprise. D’évidence, les grandes entreprises essaieront de les contourner en corrompant les autorités administratives ou iront simplement chercher ailleurs un environnement des affaires plus soutenable, ce qui entraînera des pertes d’emploi. Au contraire, les entreprises qui interagissent librement avec leurs employés et leurs clients sont engagées dans une relation morale, quel que soit le profit qu’elles réalisent. Ce profit leur appartient, elles ne le confisquent à personne. La légitimité de l’échange volontaire se trouve dans son fondement même: la sacralité des droits individuels.

Chris Hattingh, analyste pour la Free Market Foundation.

Article publié en collaboration avec Libre Afrique

[1] Le capitalisme doit trouver sa conscience – Business Day – 22/07/2018

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