Sous la pression internationale, Ouattara amnistie Simone Gbagbo se ménage une sortie “honorable”

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Côte d’Ivoire : Sous la pression internationale, Ouattara amnistie Simone Gbagbo et autres et se ménage une sortie “honorable”

Les mesures prises le 6 août –veille de la fête nationale ivoirienne- par le président Alassane Ouattara, dans le but manifeste de faciliter la décrispation politique dans son pays dont il s’apprête à quitter les rênes relèvent de l’inédit, tant il est vrai que le chef de l’Etat ivoirien et ses courtisans ont donné ces sept dernières années l’impression d’être animés par une rancune tenace et mortelle contre l’opposition en général, et contre les partisans de son prédécesseur, Laurent Gbagbo, par ailleurs détenu depuis 7 ans à la Haye dans le cadre d’un procès en sorcellerie dont les motivations iniques resteront gravées dans l’histoire de la justice internationale.

L’ex-première dame de Côte d’Ivoire condamnée en 2017 à 20 ans de prison pour « crime de sang, crime contre l’humanité, atteinte à la sûreté de l’Etat », l’ancien ministre Assoa Adou condamné en 2017 à 4 ans de prison pour « troubles à l’ordre public » par une Cour d’assises qui s’était permis de requalifier les faits mis à sa charge (ce délit ne figurait pas dans l’arrêt d’accusation où il était plutôt question de « complot contre l’autorité de l’Etat, détention illégale d’arme à feux, organisation de bandes armées et complicité d’attentat » et Moise Lida Kouassi, condamné à 15 ans de prison en janvier dernier pour « complot contre l’autorité de l’Etat »… Voilà entre autres les grands noms de l’opposition ivoirienne qui pourront recouvrer la liberté dans les jours à venir, suite à la signature lundi par le président Alasanne Ouattatara, d’une ordonnance les amnistiant.

La mesure ne concerne pas cependant que ces trois personnalités dont la privation de la liberté ne s’expliquait pas du double point de vue moral et politique, si oui, par le seul fait d’une justice des vainqueurs qui tenait absolument à écraser les adversaires vaincus du nouveau prince issu de la crise postélectorale. Une pratique vengeresse à laquelle la justice dite internationale avait du reste prêté le flanc en se mettant aux trousses des partisans de l’ex-président – quant à lui embastillé à la Haye avec son ancien ministre de la Jeunesse, Charles Blé Goudé-. Le chef de l’Etat ivoirien a avancé le chiffre de 800 détenus amnistiés, dont Souleymane Kamarate, proche collaborateur de son acolyte Guillaume Soro (le président de l’Assemblée Nationale), récemment tombé en disgrâce et mis en détention pour une affaire de cache d’armes découverte chez lui, qui n’avait pas encore été jugé.

Un coup d’œil dans le rétroviseur de l’actualité ivoirienne suggère que cette décision du président ivoirien pourrait constituer une réponse aux chefs des missions diplomatiques de l’Union Européenne, qui l’ont épinglé le mois dernier pour la mal gouvernance, le clientélisme l’autoritarisme et l’intolérance de son régime.

Mais si tel est visiblement le cas, force serait alors de reconnaitre pour la saluer, la réceptivité du président ivoirien qui, en prenant –certes tardivement- la mesure de l’amnistie des centaines de prisonniers politiques qui croupissaient dans ses geôles depuis la crise postélectorale de 2011, et en se résolvant finalement à réviser la Commission électorale –on ne peut encore dire dans quel sens – certainement pour répondre aux exigences de l’opposition, de la société civile ivoirienne ainsi que des partenaires étrangers du pays, s’est pour une fois mis dans la peau d’un véritable chef de l’Etat qui travaille à normaliser la situation de son pays, contrairement à certains de ses homologues africains, qui prétendant une imaginaire infaillibilité, préfèrent plutôt imposer leurs seuls points de vue et leur personnes à leurs peuples, en tirant tels des forcenés sur la corde du jusqu’au-boutisme, jusqu’à ce qu’elle se casse et emporte le pays dans les abîmes.

Ndam Njoya Nzoméné
Cameroonvoice

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